Entreprendre à Vélo : 2 vélopreneurs racontent leur quotidien

Publiée le 03/06/2022

En plus d’être entrepreneur, Frédérique, créateur de Sinturel Photos à Clermont-Ferrand, et Mathieu, fondateur de Dooday plombier responsable à Montpellier, ont un point commun : ils se déplacent à vélo. À l’occasion de la journée mondiale du vélo, ils expliquent leur choix et ses impacts sur le développement de leur entreprise respective. 

Quelles sont les raisons qui vous incitent à utiliser le vélo dans votre quotidien de chef d'entreprise ? Est-ce avant tout un choix militant ? 

Frédérique Sinturel : J’utilisais déjà le vélo avant d’être chef d’entreprise pour une multitude de raisons. Mon activité au niveau de la clientèle se situe surtout en zone urbaine et c’est le moyen de transport le plus rapide et dénué de tout stress.  Dans mon activité de photographe j’utilise aussi parfois des remorques de différents types lorsqu’il s’agit de photo « lourdes » et où nous devons déplacer un petit studio. Bien sûr, il y a des exceptions, pour des raisons d’encombrement, il m’arrive d’avoir besoin d’un véhicule utilitaire. Dans ces cas-là je loue à la journée en fonction du kilométrage. Idem pour des commandes éloignées.

Mathieu Goudet : Des raisons écologiques, oui ! Mais aussi l’aspect pratique : la simplicité du vélo couplé à la rapidité d’intervention sont deux autres facettes importantes. Le centre-ville piétonnier est déjà difficile d’accès pour les véhicules thermiques et la mise en place des ZFE (Zones à Faibles Émissions) viennent renforcer notre engagement vers ce mode de transport plus responsable. 
 
C’est également très agréable de se déplacer à vélo à Montpellier, le soleil est souvent là. On s’épargne aussi l’énervement d’être bloqués dans les bouchons… Nous avons la chance de pouvoir faire appel aux services d’autres pros à vélo : les livreurs pour les ballons d’eau chaude, par exemple, des réparateurs, d’autres artisans avec des corps de métier complémentaires. Une vraie dynamique se développe !

"Je n’ai pas choisi le vélo pour des raisons militantes. Il se trouve tout simplement que c’est le meilleur choix possible me concernant, qu’il m’est agréable, bon pour mon esprit et ma santé ainsi que mon porte-monnaie d’entrepreneur."

Quels impacts cette pratique a-t-elle sur votre entreprise et votre modèle économique ?

Frédérique Sinturel : Pour un investissement (vélo, vêtement, sacoches, remorques, etc.) équivalent à une petite voiture, j’économise environ 700 € par mois si je prends tout en compte. (Assurance, essence, contrôle technique, carte grise, entretien, réparation, contraventions…)
L’impact est donc à première vue financier, mais pas seulement puisqu’il est aussi important en termes de santé physique et mental et d’efficacité dans mon travail. Au niveau de l’image de marque, cela commence même à être plutôt gratifiant !

Mathieu Goudet : Fournir un service rapide, de qualité et responsable, voici notre leitmotiv. Se déplacer à vélo nous permet d’intervenir dans une zone de chalandise intéressante : l’Écusson (centre historique), et les quartiers environnants. La zone est difficile d’accès pour les véhicules motorisés. Il reste une demande non satisfaite.

Il y a plusieurs impacts à prendre en compte dans le développement de l’entreprise. Géographique d’abord, nous avons un rayon d’intervention inférieur à un plombier traditionnel en camion diesel.

"La limite de la taille des chantiers également. À vélo, difficile d’accepter des chantiers très importants. On privilégie les petites interventions. Il faut donc adapter son modèle économique pour s’y retrouver à la fin de la journée. Nous en réalisons plus par jour, mais avec un ticket moyen plus bas."

Sur le volet recrutement, cela implique d’avoir des candidats prêts à se déplacer à vélo cargo et passer une partie de la journée dessus. C’est un investissement à plusieurs milliers d’euros. Il faut équiper chaque collaborateur puis le former à l’utilisation du vélo cargo à assistance électrique. Cependant, nous avons moins de charges sur les déplacements (parking, essence, PV ou fourrière…). Le coût de l’obsolescence du vélo est moindre par rapport aux véhicules thermiques.

C’est un équilibre à trouver !

 

Propos recueillis par Camille Buy (BGE Sud-Ouest) et Emilie Grondin-Fleury (BGE AURA)

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