Yoann a remporté un prix régional dans le concours Talents des Cités. Il nous raconte comment il en est arrivé là : « Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours eu l’ambition de créer ma propre entreprise. Vers 11 ou 12 ans déjà, je me projetais dans différents projets, souvent en lien avec la restauration, un domaine dans lequel mes parents ont toujours évolué.
La cuisine a longtemps été une passion centrale pour moi. J’ai d’ailleurs obtenu un bac pro cuisine, en pleine période de COVID, ce qui a rendu mon entrée dans le monde professionnel particulièrement compliquée. Les rares expériences que j’ai pu vivre étaient très mal rémunérées, parfois même de manière illégale. Cette réalité m’a poussé à remettre en question mon avenir dans la restauration et à envisager une autre voie.
C’est ainsi que je me suis orienté vers la vente, un domaine qui m’attirait également. J’ai alors passé un an à la mission locale, où j’ai enchaîné plusieurs stages dans différentes boutiques, ou encore une entreprise de gros pour le BTP où travaillait mon père. Cette dernière expérience m’a permis d’observer le travail de commerciaux chevronnés gérant des portefeuilles de plusieurs centaines de milliers d’euros par an. C’est cette dimension stratégique et ambitieuse qui m’a particulièrement marqué.
Par la suite, j’ai suivi une formation en compétences entrepreneuriales à l’AFPA de Borgo pendant quatre mois et demi. Cette formation, très dense, m’a permis d’acquérir l’équivalent de plusieurs années de cours en gestion et comptabilité. Le rythme était difficile, mais j’ai tenu bon, motivé par mon objectif de monter un projet solide. Je m’étais rendu compte lors d’expériences précédentes que je n’étais pas fait pour être dirigé, mais pour diriger. C’est lors du montage de mon dossier de financement auprès de ma banque que j’ai été orienté vers France Active, BGE Corse, qui m’a apporté un accompagnement précieux. Au-delà des compétences, c’est surtout le réseau qui a été déterminant : ateliers, rencontres, échanges entre entrepreneurs, partage d’expériences… Tout cela a renforcé ma crédibilité et ma capacité à structurer mon projet.
L’idée d’un magasin de manga m’est venue naturellement. Je baigne dans cet univers depuis mes trois ans, grâce à mon père qui m’a fait découvrir Dragon Ball, Goldorak, Captain Flam ou encore Cobra. Cette passion ne m’a jamais quitté. Je me suis donc dit qu’il était logique d’allier le plaisir et le travail, en créant un magasin spécialisé dans un domaine que je connais réellement. Je suis capable de parler des licences, des figurines, des marques, et de comprendre exactement ce que recherchent les amateurs. Avant cette idée, j’avais déjà envisagé de monter une pizzeria aux noms inspirés du manga, preuve que l’univers japonais faisait déjà partie de mes projets.
L’un des apprentissages majeurs que j’ai tirés de cet accompagnement est la nécessité d’être prudent. Chaque jour, je vérifie mes comptes, je recalcule mes charges, je simule des dépenses potentielles. Cette rigueur m’a été inculquée lors d’ateliers chez BGE qui m’ont appris à ne jamais avoir peur des chiffres ni d’affronter mes responsabilités.
J’ai également progressé dans ma communication : passer des appels, rédiger des mails efficaces, maîtriser ma posture professionnelle. Autant d’éléments qui, bien que simples en apparence, changent profondément la manière de gérer une entreprise.
Mon quotidien d’entrepreneur commence par une vérification de mes comptes, puis l’ouverture du magasin, l’entretien, la réception des colis, la mise en rayon, la création de contenus pour les réseaux sociaux et la recherche de nouveaux fournisseurs. Je suis constamment dans l’amélioration du concept : événements, nouveaux produits, partenariats, distribution de cartes Pokémon, figurines et objets officiels. Je tiens énormément à l’authenticité : je refuse catégoriquement les contrefaçons et préfère proposer des articles plus chers mais garantis, conformes aux normes européennes. Pour moi, c’est une question d’éthique, de qualité et de respect des clients.
J’ai également développé des idées événementielles pour dynamiser la boutique : ligues Pokémon, avant-premières officielles et bientôt, soirées cosplay, quiz, etc. Je travaille même sur des collaborations culinaires, comme des trompe-l’œil inspirés de l’univers Pokémon, pour relier mes deux passions. Mon objectif est simple : faire de la boutique un lieu vivant, convivial, où les passionnés se retrouvent entre eux.
J’ai évidemment rencontré des difficultés, notamment sur les travaux du local, qui ont repoussé l’ouverture de plusieurs mois. Mais j’ai su rebondir, apprendre de mes erreurs et me remettre en question rapidement. Aujourd’hui, je ne me verse pas encore de salaire, grâce à un apport en compte courant qui me permet de subvenir à mes besoins ponctuels en attendant la stabilisation complète de l’activité.
Pour fidéliser mes clients, j’ai mis en place une carte de fidélité inspirée de celles de grandes enseignes, offrant 5 % de réduction pendant un an. Les événements jouent également un rôle clé, tout comme ma présence active dans la communauté : conventions, associations, quiz ou rencontres locales.
Ce qui me procure le plus de satisfaction dans mon métier, c’est le sourire des jeunes clients. Voir des enfants repartir heureux, se reconnaître en eux, retrouver mes propres émotions d’enfance… C’est la plus belle récompense. Mon objectif a toujours été d’apporter du bonheur à travers la passion du manga, et chaque jour je constate que ce pari est en train de prendre vie. »