Virginie Saillard – Les Escargots du Moulin

Éleveuse d'escargots bios dans son ancien moulin familial, elle propose également des assiettes d'escargots tout chauds grâce à son food truck dans différents évènements.

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Un retour vers ses racines

Virginie a fait des études de comptabilité, puis elle est partie travailler en Allemagne. À son retour, elle a géré une entreprise familiale pendant 10 ans dans le domaine de l’industrie. En 2017, elle ressent un véritable appel à la nature. Elle est retournée vivre dans le moulin bicentenaire qui avait vu naître sa mère et a trouvé un poste de secrétaire chez un maraicher bio. Toutefois, ce n’était pas facile d’élever seule ses deux enfants dans le cadre rigide d’un travail salarié. Elle avait soif d’indépendance, de faire les choses à sa façon, de pouvoir organiser son temps, mais surtout d’exploiter le moulin familial et le terrain autour. L’idée lui a été soufflée par son père, l’élevage d’escargots : l’héliciculture. Après le confinement elle rencontre des héliciculteurs et le métier lui plaît. En juin 2021, elle passe son brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole. C’est une formation de 10 mois prise en charge par la région Bourgogne-Franche-Comté en reconnaissance de son handicap de surdité.

« C’était important pour moi de proposer des escargots bio et de pouvoir créer une entreprise qui reflète mes valeurs. » Nous confie Virginie : « En France, nous sommes les plus grands mangeurs d’escargots au monde, mais pourtant 95% des escargots mangés en France viennent de l’étranger ! Ça fait une jolie part de marché à conquérir pour des escargots bios produits localement ! »

Exploitante agricole, mais pas que...

« C’est très complet comme métier : j’ai appris à souder, à tronçonner, à découper du métal, à disquer, à fileter, à manier un motoculteur pour préparer la terre avant de monter les parcs à escargots pour le couvert végétal. Il faut aussi préparer les mangeoires pour les compléments alimentaires, c’est assez physique. Après le montage des parcs, il faut les entretenir, semer, élever les escargots, leur donner à manger et à boire. Puis c’est le ramassage. J’ai eu plus de 40 bénévoles pour m’aider la première fois. Ils ont été récompensés par une grande fête et un beau coupon de réduction pour qu’ils goûtent le fruit de leur travail et pour les motiver à revenir ramasser les escargots l’année prochaine. Ensuite c’est la transformation. C’est aussi très saisonnier comme activité : de septembre à Noël on ne touche pas terre ! Pour l’instant, je cuisine mes escargots dans le laboratoire du CFA* où j’ai été formée, mais c’est le cas des tous les héliciculteurs qui n’ont pas leur propre laboratoire, et c’est un peu les embouteillages à la fin de l’année.

*CFA : Centre de Formation d’Apprentis

Les ingrédients d'une reconversion réussie

J’ai eu une première subvention grâce à l’Agefiph qui m’a recommandé de me rapprocher de BGE Franche-Comté pour être accompagnée. Grâce à BGE j’ai pu apprendre à faire une véritable étude de marché avec leur outil en ligne qui est vraiment génial. On m’a donné un cadre, ça m’a permis de faire les choses dans le bon ordre, de développer un positionnement et d’avoir une stratégie. J’ai pu accéder aux bonnes informations pour le financement et aux garanties bancaires nécessaires grâce à BGE. Ensuite tout n’a pas été simple, le plus compliqué c’était probablement le dossier de subvention : il y avait tout un dossier d’aide régional et européenne (FAEDER) à remplir, pour les agriculteurs qui développent une production atypique, dont les escargots font partie. Mais ça en valait la peine puisque c’est comme ça que j’ai obtenu 90.000 € pour mes travaux ! Ça inclue les parcs à escargots, mais surtout mon propre laboratoire de transformation pour pouvoir les cuisiner ! Le permis de construire aussi a été compliqué à décrocher. Il m’a fallu aller vite, trois mois pour décrocher un permis de construire, avoir tous les devis en plusieurs exemplaires, s’assurer que ça corresponde bien au prévisionnel, pour que ça rentre dans le plan de financement…  Le plus facile, en revanche, ça a été l’immatriculation et le choix du statut juridique : une entreprise individuelle agricole en micro-BA avec le statut d’exploitant agricole, obligatoire pour le dépôt du dossier de subvention.

Pour diversifier mon activité, j’ai investi dans une jolie remorque/food-truck. Ça me permet d’aller à la rencontre de mes clients et de vendre ma production en direct. Ça m’ouvre aussi tout un marché autour de l’évènementiel.

Ma plus grande satisfaction aujourd’hui c’est d’être autonome, de faire ce que je veux, quand je veux dans un métier qui regroupe beaucoup de choses qui me tiennent à cœur : la nature, les animaux, le contact client… C’est valorisant d’être la seule personne responsable, même si ça peut être un peu écrasant parfois, c’est surtout motivant ! J’ai beaucoup gagné en qualité de vie, depuis que j’ai créé mon entreprise : je peux vraiment avoir du temps pour mes enfants pendant toute la période hors-saison.

Si je devais donner un conseil ce serait d’aller voir BGE, il ne faut pas se lancer tout seul. La formation c’est primordial et avoir un expert à qui poser ses questions, ça n’a pas de prix. Il faut aussi aller voir les professionnels de son secteur, s’assurer qu’on a bien en tête toutes les facettes du métier. Une fois que la machine est lancée il ne faut pas lâcher son accompagnement : on y trouve les bons conseils pour progresser. »

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