Drive In Casa

Un départ sur les chapeaux de roues

Virginie nous raconte : « Cela faisait plusieurs années que je travaillais en tant que salariée. J’ai toujours eu envie de créer ma propre entreprise, mais ce que je souhaitais avant tout, c’était créer un projet qui me ressemble. Je me considère comme une personne à l’écoute, et qui aime aider les autres. Alors, au-delà de simplement créer une activité, je me suis posé une vraie question : de quoi les gens ont-ils besoin ?
Étant originaire d’un petit village de Corse-du-Sud qui s’appelle Moca-Croce, j’ai grandi dans une région où tout est très éloigné, et où l’accès aux services du quotidien demande souvent de longs déplacements. Il y a quelque chose, lors de mon enfance, qui m’avait particulièrement marquée : il nous fallait minimum 40 à 50 minutes de route, juste pour faire nos courses en grande surface, sans compter le retour.
Des villages éloignés, il y en a énormément, et je me suis rendu compte qu’il n’y avait absolument aucun service de livraison de courses à domicile dans la région
du Taravu, de l’Alta-Rocca et du Valincu.
Alors je me suis posée la question : comment font toutes les personnes âgées ? Les femmes enceintes ? Les personnes en situation de handicap ? Et au-delà des particuliers, beaucoup de professionnels se servent aussi en grande surface, mais lorsqu’ils ont besoin de grandes quantités, comment font-ils ? Et je me suis dit : pourquoi pas moi ?

« Les deux enseignes phares de la région étaient à l’époque : Casino et Carrefour Market. Ayant déjà travaillé chez Casino, j’ai pu me rapprocher facilement du
directeur pour lui parler de mon projet. Et que fut ma surprise lorsqu’il m’a dit que cela faisait plusieurs années qu’ils souhaitaient mettre ce service en place ! Je suis
tombée à pic.
Nous avons eu plusieurs rendez-vous, et ensemble, nous avons défini ce dont j’avais besoin pour construire mon business plan. Une dame super, de la Mission
Locale, m’a alors parlé de BGE Corse pour m’aider à structurer mon projet. Ma conseillère BGE a été très disponible, de bon conseil, réactive… et c’est grâce
au dossier que nous avons monté ensemble que j’ai pu obtenir des aides financières. Croyez-moi, c’est un vrai plus lorsque l’on débute !

Démarcher ses premiers clients

Il me manquait encore deux choses : une formation et un examen pour obtenir ma capacité de transport (obligatoire pour exercer dans le cadre des réglementations du transport), et un camion.

Je pensais que l’examen serait simple… ce ne fut pas le cas. En deux semaines, il fallait assimiler énormément de notions : gestion, droit, comptabilité… mais avec un bon formateur, tout devient possible. Je n’oublierai jamais ma formatrice Patricia, de l’Aftral à Marseille. Grâce à elle, nous avons pratiquement tous réussi ! Et oui, j’ai dû partir sur le continent, car il n’y a pas d’école pour ce diplôme en Corse. Ça m’a coûté du temps et de l’argent, mais je n’ai aucun regret.

Aujourd’hui, j’ai enfin pu lancer mon entreprise : Drive In Casa. (« Drive » pour le service de retrait rapide en grande surface, et « In Casa » qui veut dire « à la maison » en corse.) Autrement dit : le drive qui vient chez vous. Il était important pour moi, de trouver un nom d’entreprise qui puisse avoir un vrai sens concernant l’activité.

Ayant décidé de me lancer seule dans ce projet, j’ai choisi de travailler d’abord uniquement avec Casino pour être vraiment efficace. Le service a rapidement trouvé son public. Le magasin a même gagné de nouveaux clients grâce à la livraison : une vraie valeur ajoutée pour eux. C’est là que j’ai su que j’avais visé juste. Et puis… Casino a fermé.
Je suis optimiste de nature, mais là, oui, j’ai eu un vrai coup de stress. Qu’allait-il advenir de mon entreprise ? Et de tous ces gens qui comptaient sur moi ?
Heureusement, j’ai pu continuer avec les repreneurs : l’enseigne est devenue Auchan, et j’ai pu garder le partenariat.

J’ai aussi débuté une collaboration avec Carrefour, ce qui est une vraie fierté. Aujourd’hui, mes clients peuvent choisir entre plusieurs enseignes, et se faire livrer dans tous les cas. Je fais aussi le maximum pour proposer le même niveau de service avec chacun de mes partenaires. Et pour soutenir les producteurs locaux, je me suis associée à une épicerie de qualité : Cantina Bastianaggi, qui partage les mêmes valeurs que moi.

Satisfaction client et projets d'avenir

Ce que j’aime dans mon travail, c’est clairement de voir la satisfaction de mes clients lorsque j’arrive chez eux. Un poids en moins qui leur est enlevé, mais aussi, sans aucune prétention, le plaisir de me voir, même si ce n’est que pour cinq minutes. Je suis parfois la seule visite de la journée pour certains d’entre eux, et voir leurs sourires lorsque j’arrive… croyez-moi, ça n’a pas de prix.
Lorsque l’on est gentil et arrangeant avec ses clients, ils vous le rendent si bien ! Aujourd’hui, je veux faire connaître davantage ce service qui n’est pas encore connu de tous. Je veux le développer, et j’espère, pouvoir embaucher à terme. Si j’y parviens, je pourrai étendre mon secteur, travailler avec d’autres enseignes, et aider encore plus de  monde. Même s’il y toujours à faire, je suis fière de ce que j’ai accompli jusqu’à présent, en si peu de temps.
Un message à celles et ceux qui hésitent : « Si j’ai un conseil à donner : osez. Il n’y a pas de mauvaise idée, seulement des projets mal préparés. J’ai fait partie des gens qui n’avaient rien : ni moyens financiers, ni santé parfaite (je suis une personne en situation de handicap). Et pourtant, j’ai réussi. Créer une entreprise, ce n’est pas simple. Ce n’est pas une voie qui conviendra à tout le monde, mais je suis convaincue que tout le monde peut y arriver, à condition de le vouloir vraiment, et de s’en donner les moyens. Alors entourez-vous, faites-vous aider par des organismes comme BGE. Ils sont là pour vous guider et vous donner les bonnes clés. Et moi, je leur dis un grand merci. »