Talent BGE 2025 pour la région Île-de-France
Aidodarons est un portail-ressource pour les parents d'enfants entre le CP et la 3ème
Stéphanie a fondé Aidodarons. Elle nous raconte son parcours : « Je suis tombée dans la presse comme Obélix dans la potion magique. Chez moi, c’était une affaire de famille : un père, des oncles, tous dans la presse, et des journaux à profusion à la maison. Forcément, ça m’a façonnée. J’ai suivi des études en pub, puis très vite intégré des médias. J’ai bossé à Libération, mon journal de cœur. Ensuite, ça s’est enchaîné : L’Événement du Jeudi, Publicis… et même le digital à ses débuts, dans les années 2000. Un jour, mon ancienne directrice me parle d’un projet fou : un journal gratuit. Je n’y croyais pas une second, imaginer un titre gratuit à cette époque ! Mais finalement, j’ai rejoint l’équipe. Et là, aventure incroyable, ensemble, on a créé 20 Minutes. J’y suis restée 20 ans, jusqu’en 2022. Puis, la société annonce un plan social dans l’entreprise…
2023, nouveau départ. Je découvre l’AVARAP, une association qui accompagne les cadres en transition. Groupe éclectique, soutien énorme. Je m’apprêtais à signer pour une formation en architecture de l’information digitale. Mais, à la dernière minute, j’ai commencé à avoir des nuits agitées. Avec le recul, je comprends que ce malaise venait du fait que cette voie n’était pas la bonne pour moi. Et puis, la remarque d’un membre m’a ouvert les yeux : “Toi, enfermée là-dedans ? Non ! Tu parles, tu bouges, tu crées…” Elle avait raison. Alors j’ai creusé une idée qui me tenait à cœur : un site pour les parents comme moi, inscrit dans son temps, à la recherche d’infos fiables sur la culture, la santé, la parentalité… Introuvable ailleurs. Ce jour-là, j’ai sorti un cahier jaune et j’ai tout écrit. J’ai dit non à la formation. J’ai rencontré BGE Adil et tout s’est aligné.
Pour entreprendre, c’est essentiel d’avoir les bonnes compétences. Alors j’ai enchaîné avec un bootcamp en marketing digital. Quatre mois intenses, 6h-22h non-stop, HTML, SEO, SMA affiliation… l’enfer et la fierté : 280 pages de mémoire, une soutenance réussie, pour une nouvelle certification. J’ai travaillé la structuration de mon projet avec BGE. Je ne savais même pas ce qu’était vraiment l’entrepreneuriat. Il y avait tant à découvrir, à comprendre, à apprendre. Petit à petit, j’ai commencé à maîtriser certains sujets, mais au départ, c’était flou. Heureusement, j’ai eu la chance d’être bien entourée ! Arrivée à l’étape des financements, ce n’était pas simple. Pitchs devant des business angels, pas toujours tendre pour une femme de 50 ans seule dans l’arène. Heureusement, je croise Quentin, un ami, un entrepreneur. Il m’encourage, me rappelle que l’entrepreneuriat, c’est aussi le doute. Et que c’est justement pour ça qu’il faut y aller. Il m’a soutenue au bon moment. Il m’a même proposé de créer mon site gratuitement, sans attendre un retour immédiat, en bref il m’a reboostée.
À la banque, on m’a parlé de « love money », ce financement de départ qu’on peut obtenir de proches. J’ai horreur de demander, mais j’ai gardé l’idée en tête. Le lundi suivant, je vois ma podologue. Elle m’écoute, me dit qu’elle veut investir dans mon projet, je crois à une plaisanterie. Deux jours plus tard, ma kiné, que je connais depuis peu, me dit la même chose. J’étais sidérée. Trois jours, deux promesses d’investissement. C’était irréel. J’appelle Quentin pour lui raconter. Lui aussi veut investir. Puis il me propose de devenir mon associé. Il est entrepreneur, très technique, et croit vraiment en mon projet. Ma conseillère-formatrice BGE m’avait justement conseillé de m’associer avec un profil technique. Je prends à peine quelques jours pour réfléchir, puis je dis oui. Ça tombait à pic.
Par la suite, je passe devant un jury pour intégrer un incubateur féminin, Willa. Elles m’acceptent. Je sens que quelque chose prend forme. En parallèle, une experte-comptable, m’accompagne depuis un an, en pro bono. Elle me conseille, m’encourage, me guide. Je l’ai rencontrée grâce à mon esthéticienne. C’est fou, les chaînes de solidarité qu’on peut trouver quand on ose en parler autour de soi. Le 10 janvier, la société est officiellement créée. En réalité, cela faisait déjà plus d’un an que je travaillais sur le projet. J’avais anticipé les aspects juridiques liés à la presse. On a monté un pôle de journalistes, avec une rédactrice en chef en soutien. On fait des conférences de rédaction régulières, on publie des articles. Ce qu’il nous manque aujourd’hui, c’est une traction commerciale.
Notre ligne éditoriale est claire : pas d’actu chaude ou de faits divers. On propose des dossiers utiles et accessibles, sans jamais culpabiliser. Harcèlement scolaire, puberté, gestion des écrans, troubles d’apprentissage : on va chercher des experts, plusieurs points de vue, pour aider les parents à faire leurs choix. On développe aussi des formats innovants. On prévoit une grande opération autour du livre jeunesse d’occasion, pour favoriser le lien local et le partage. On s’entoure de scientifiques, avec qui on a commencé à échanger, pour proposer des articles solides mais compréhensibles. Ce projet, c’est une évidence. Nous le portons à fond avec Quentin. Parce que les parents ont besoin de ce lieu, de cet espace d’échange, de ce soutien au quotidien.
Quand un parent se pose une question, il doit pouvoir se dire : je vais sur ce site, je sais que j’aurai une réponse fiable. Chaque article se termine toujours par trois conseils pratiques. C’est notre marque de fabrique. On veut intégrer une vraie communauté de parents, sans jugement, ouverte à tous. Au lancement du projet, on nous a demandé si ce serait payant. Pour nous, c’est non. C’est une valeur fondamentale : l’accès à l’information ne doit pas être réservé à ceux qui ont les moyens. Surtout dans un contexte où l’information est malmenée, où les fake news se multiplient. On veut être ce référent. Si vous lisez un article chez nous, vous savez qu’il est rigoureux, vérifié, sérieux. C’est cette autorité-là qu’on veut bâtir.
J’ai aussi cette vision publicitaire : je connais le marché. Je sais que le digital est en tension, que les GAFAM captent l’essentiel des budgets. Nous, on propose un environnement bienveillant, sans sensationnalisme, mais avec du fond. Les sujets sont traités sérieusement, mais avec bienveillance. C’est ce ton-là qui va attirer les annonceurs qui souhaitent toucher une cible parentale. La preuve : ça fait à peine dix jours que j’écris à des marques et je décroche déjà des rendez-vous ! Mais surtout nous venons d’avoir l’accord de la Fondation CNP Assurances qui a accepté de sponsoriser notre dossier « Génération écran : il est temps d’agir ? », cela rejoint leur prise de parole et communication sur la santé mentale des jeunes et le fameux « temps d’écran ».
Tout s’active. Grâce à BGE je connais maintenant l’écosystème entrepreneurial, j’ai rencontré l’Adie, Force Femmes, fait le tour des banques, et j’ai eu un vrai soutien de ma conseillère France Travail, c’est important de le souligner.. Le love money continue à se structurer. Le modèle économique repose sur un premier palier, mais on a déjà des idées pour la suite — une fois que l’audience sera bien là. BPI nous a promis son soutien dès l’obtention de nos premiers clients.
On a aussi plein d’idées pour la suite. En deuxième phase, comme Quentin vient du monde de la formation, on réfléchit à des outils utiles. Pourquoi pas un chatbot ou une appli d’aide ? On veut utiliser tous les outils à disposition pour faciliter la vie des parents, c’est ça notre boussole. »