Quentin a vraiment touché à tout avant de devenir entrepreneur : « J’ai quitté l’école en première, en ayant de très bonnes notes et de bons rapports avec mes professeurs, mais l’environnement scolaire ne me convenait pas. J’ai travaillé dans la restauration, notamment comme pâtissier, puis j’ai enchaîné divers métiers : intérim, manutention, aide vitrier, électricien. Sans expérience en commerce, j’ai pris un poste de commercial, et en deux ans, j’ai eu les meilleures ventes quatre fois au niveau national sur 1200 collaborateurs. Ensuite, j’ai déménagé en région parisienne pour suivre ma conjointe, j’ai travaillé dans le transport à Roissy, puis nous avons envisagé un départ au Canada, abandonné à cause du COVID. Nous avons alors déménagé en Sarthe où j’ai travaillé dans la communication publicitaire pour des collectivités, avant de me tourner vers les achats pour une centrale couvrant une large partie de la France sur l’alimentaire et les boissons. Par la suite, j’ai travaillé dans une régie publicitaire ce qui m’a donné les bases pour lancer mon propre projet : un magazine de jeux gratuit.
Le magazine propose un contenu 100% local : conception, mise en page et impression sont réalisées en Pays de la Loire, à proximité des bureaux. Tous les partenaires sont locaux, qu’il s’agisse du dessinateur de la bande dessinée, du restaurateur pour la recette, du caviste, de l’astrologue ou encore d’une boutique de jeux. Chaque mois, un numéro sort à 15 000 exemplaires, proposant environ dix heures de jeux variés (mots croisés, coloriages, labyrinthes, etc.). Le magazine est disponible gratuitement chez plus de 300 partenaires répartis entre commerces de proximité, grandes surfaces et lieux à forte attente comme les cabinets médicaux. Ce modèle évite tout gaspillage : le support est toujours pris volontairement, il n’y a pas de distribution en boîte aux lettres. L’impact écologique est ainsi limité, et l’annonceur gagne en visibilité réelle. Le contenu est intemporel, partagé et conservé. Le magazine touche plus de 20 000 lecteurs (jusqu’à 35 000 selon les sondages). Grâce au jeu, la mémorisation publicitaire est renforcée via l’émotion positive et l’implication du lecteur. En plus des encarts, les annonceurs bénéficient d’un espace agenda, d’annonces pro illimitées et gratuites, et d’un article mensuel de mise en lumière sous forme de conseil professionnel.
Au départ, on m’a proposé un accompagnement qui ne correspondait pas à l’avancée de mon projet. Cela m’a fait perdre du temps, car mon étude de marché et mon business plan étaient déjà bien avancés. Heureusement, on m’a ensuite orienté vers BGE Pays de la Loire, où j’ai intégré le programme « MES parcours entrepreneur », une formation d’un mois et demi en grande partie en présentiel, financée par la région Pays de la Loire. Cette formation m’a été très utile : elle a renforcé mes acquis en communication et étude de marché, et comblé mes lacunes en comptabilité, statuts juridiques, protection sociale, etc. Les échanges avec les intervenants et les autres participants ont été très enrichissants. Grâce à BGE, j’ai aussi rencontré plusieurs partenaires clés : mon agence de communication, ma banque (Crédit Mutuel), mon comptable et découvert des structures de financement comme France Active ou les Cigales. Aujourd’hui encore, le réseau BGE continue de m’être précieux dans le développement de mon activité. De plus j’ai pu être hébergé en pépinière d’entreprises, sur les locaux de la Communauté de communes.
Tout le monde n’étant pas sensible au jeu, on a développé plusieurs partenariats complémentaires. Toutes les entreprises qui communiquent à l’année dans le magazine bénéficient d’un an de référencement offert via Tout sur ma ville. On collabore aussi avec Ici Mayenne (ex-France Bleu Mayenne), qui annonce chaque sortie à l’antenne, une créatrice de vidéos d’entreprises, et une structure avec panneaux lumineux pour promouvoir les parutions. La diffusion est gérée en interne, ce qui permet de récupérer les reliquats et de les redistribuer via des partenaires comme les hôpitaux ou EHPAD, assurant une diffusion optimale et zéro perte.
Chaque jeu est pensé sur mesure selon la cible : pour un parc animalier comme Alligator Bay, nous avons créé un “cherche et trouve” inspiré du parc, en noir et blanc pour être colorié. Pour des cuisinistes, un jeu des 7 différences avec leur propre chantier. Les jeux intègrent le visuel, parfois même le logo en filigrane, pour renforcer l’attention. On propose plus de 25 types de jeux différents, adaptés à chaque annonceur, avec une réelle stratégie de mémorisation.
Chaque jour, on est exposé à près de 5000 publicités, souvent vues moins d’une seconde. Un jeu interactif offre plus de 20 minutes d’attention, donc un impact mémoriel bien supérieur.
L’activité repose sur un réseau solide de partenaires : deux commerciaux indépendants, une assistante commerciale, un imprimeur, ainsi qu’une agence de communication composée de 12 spécialistes (photographe, graphiste, directeur artistique, etc.). En cas de départ ou de changement de cap de l’un des partenaires, la charge de travail pourrait être absorbée grâce à l’organisation actuelle.
La majorité des contrats sont annuels, avec un taux de renouvellement estimé entre 80 et 90 %, assurant une certaine stabilité, même en cas de creux temporaire. D’un point de vue économique, les éditions suivant la première permettent une économie d’échelle d’environ 30 %. Une partie du contenu est générique et réutilisable, limitant les coûts de production pour les éditions futures.
Le magazine a été pensé pour Ernée, une ville de taille moyenne, avec une diffusion ciblée. Contrairement aux supports classiques distribués en boîtes aux lettres ou à échelle départementale, notre diffusion couvre un bassin de consommation réel, basé sur les habitudes des habitants. On couvre un rayon de 25 à 30 km, soit plus de 200 communes à cheval sur trois départements. Ce ciblage optimise la pertinence pour les TPE/PME locales. Une 2e édition démarre à Laval à l’automne, une 3e en 2026 sur Mayenne. Pour l’instant, le projet ne prévoit que trois éditions, sans développement au-delà. Cela pourra évoluer dans un an et demi selon les besoins.
En parallèle du magazine, nous avons lancé des soirées entrepreneurs autour du jeu. La première, annoncée seulement 48 h à l’avance via une simple story, a réuni 16 personnes. La deuxième a rassemblé 28 participants, avec une quarantaine de demandes. L’ambiance est conviviale : les entrepreneurs peuvent venir en famille, profiter d’apéritifs, de pizzas offertes par un partenaire local, et participer à des quiz, ateliers, jeux brise-glace. C’est gratuit pour l’instant, pris en charge par le magazine, avec l’idée d’instaurer une participation symbolique à terme. »