Talent BGE 2025 pour la région Hauts-de-France
Création, fabrication et pose d’éléments décoratifs en plâtre (moulures, corniches, rosaces) et d’objets artistiques en staff, sur mesure ou en petites séries.
Mathilde, cofondatrice de MG Staff, nous raconte la genèse de leur projet : « Je me souviens de notre rencontre sur notre ancien lieu de travail. Nous étions tous employés dans une entreprise de staff. J’y travaillais déjà depuis plusieurs années, huit au total, lorsque j’ai fini par quitter l’entreprise. Guillaume, lui, était arrivé en tant que stagiaire. Nous avons rapidement sympathisé, il a été embauché, puis Gwendolène nous a rejoints à son tour après son alternance. Nous formions une équipe soudée, chacun avec ses compétences, et nous travaillions bien ensemble. Mais malgré cela, nous ne trouvions pas toutes les conditions pour nous épanouir dans cette entreprise. Peu à peu, l’idée a germé : pourquoi ne pas créer notre propre structure, faire le même métier mais à notre manière…
Pendant un an, nous avons réfléchi au projet. Nous avons envisagé toutes les possibilités et, finalement, demandé une rupture conventionnelle. Cela nous a permis de quitter notre poste avec nos droits au chômage. C’est ainsi que l’aventure a commencé. Nous avons été accompagnés par BGE Picardie. Nous avons bénéficié d’un prêt à taux zéro, de conseils, et même d’une aide pour trouver des locaux. Chaque étape s’est faite grâce à un enchaînement de rencontres. Au départ, chacun de nous était suivi par une agence France Travail (Pôle Emploi à l’époque) différente, et c’est presque par hasard que nous nous sommes tous retrouvés rattachés à l’agence BGE de Compiègne. C’est là que le projet a réellement pris forme.
Je n’aurais jamais pensé à BGE sans ce passage par France Travail. Pourtant, aujourd’hui, je le recommande systématiquement aux personnes qui veulent créer une entreprise. BGE nous a mis en relation avec Initiative Oise, qui nous a aidés pour les prêts et mis en contact avec des banquiers et une assureuse. Grâce à elle, nous avons trouvé nos locaux. Ce réseau de soutien a été déterminant.
Le soutien de BGE a été le point de départ. C’est là que nous avons trouvé la validation de notre projet. Ils ont été les premiers à y croire, quand beaucoup autour de nous nous mettaient en garde contre les risques. Leur confiance nous a permis de dépasser nos doutes et de nous lancer. Sans eux, nous n’aurions probablement pas franchi le pas.
Le plus difficile au départ a été toute la partie administrative. Les formulaires à remplir, les démarches, les comparatifs d’assurances et de prestataires ont été lourds. Heureusement, nous avons été guidés. À l’inverse, le business plan nous faisait peur au début, mais finalement, à trois, nous avons produit un document très complet et cette étape s’est révélée enrichissante plutôt que compliquée. Nous avons même appris à créer nous-mêmes notre site internet, grâce à l’aide de quelques contacts.
Pendant l’année de création, nous avons commencé à produire dans nos garages et nos jardins pour préparer des visuels et garder la main. Nous étions trop impatients pour rester uniquement dans la théorie. Dès que nous avons eu nos locaux, la production a pris une autre dimension. Même si nous étions conscients du risque financier et du stress de devoir nous rémunérer à trois, nous étions prêts à assumer ce choix. Nous avions établi un plan réaliste, calculé le nombre de chantiers nécessaires chaque mois, mais la réalité a été différente. Certains mois, un seul gros chantier suffisait, alors que d’autres fois nous devions multiplier les petites commandes. Malgré cela, dès les trois ou quatre premiers mois, nous avions déjà des chantiers concrets.
Nos expériences passées ont joué un rôle crucial. J’étais céramiste à la base et je maîtrise les moulages, particulièrement le silicone, je me suis spécialisée dans la création de modèles. Gwendolène, de son côté, avait une formation en ébénisterie et sculpture, puis en staff. Guillaume, lui, était staffeur de métier, polyvalent et capable de travailler aussi bien le plâtre que la résine. Chacun avait sa spécialité, mais nous étions capables de nous remplacer et de nous épauler sur les différents postes. Cette complémentarité a été essentielle pour le lancement.
Nous voulions à tout prix éviter de reproduire les erreurs de notre ancienne entreprise. Nous avons refusé de travailler pour un seul client exclusif, préférant démarcher par nous-mêmes et diversifier notre portefeuille. Nous avons aussi décidé de ne pas prospecter la clientèle de notre ancien employeur. Notre objectif était clair : créer une entreprise nouvelle, sans concurrence frontale, en visant une clientèle différente, plus locale.
Les premiers clients nous ont permis de faire nos preuves. Trois d’entre eux nous ont laissé installer des pièces test, ce qui nous a donné de la matière pour communiquer sur les réseaux sociaux. Grâce à cela, un staffeur nous a repérés et proposé de la sous-traitance. Ce partenariat nous a apporté une vraie stabilité. Par la suite, des architectes ont commencé à nous contacter directement, après avoir vu nos réalisations en ligne. Nous avons aussi eu une belle opportunité grâce à une parution dans un journal régional, qui a attiré l’attention d’une châtelaine souhaitant restaurer son château.
Notre ambition est maintenant de grandir. Nous aimerions embaucher deux personnes supplémentaires pour pouvoir accepter des chantiers plus importants, voire envisager un jour des projets à l’étranger. Mais nous savons que cela viendra avec le temps. Pour l’instant, nous avançons pas à pas, avec l’envie de rendre le staff accessible, pas seulement réservé aux grandes demeures parisiennes.
Aujourd’hui, je vais travailler avec plaisir. Je suis motivée. Ce qui change, c’est de voir le résultat fini de notre travail. Dans notre ancienne entreprise, nous étions cantonnés à l’atelier et ne voyions jamais l’aboutissement des projets. Désormais, nous posons nous-mêmes, nous prenons des photos de nos réalisations et nous avons la satisfaction de voir le produit terminé. Cela m’a permis de retrouver confiance en moi et en mes compétences. Avant, je doutais. Je me demandais si j’étais vraiment faite pour ce métier. Maintenant, je sais que ce que je fais a de la valeur, et je suis fière du chemin parcouru. »