Talent BGE 2025 pour la région Bourgogne Franche-Comté
Spécialiste de customisation et la réparation de Harley Davidson
Vente moto et accessoires pour motard à Bessoncourt.
Mathieu nous raconte son parcours : « Je suis passionné de Harley depuis que j’ai l’âge de rouler à moto. Avant de me lancer dans cette aventure, j’avais une vie assez classique : un emploi, une famille, un crédit immobilier. C’était compliqué d’imaginer tout laisser tomber pour un projet incertain. Pourtant, ma vie familiale et professionnelle a changé. À un peu plus de trente ans, je me suis dit que c’était maintenant ou jamais. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de transformer ma passion en activité professionnelle.
Le nom de mon atelier est inspiré de l’histoire de Harley-Davidson, avec leur première remise à Milwaukee. C’est symbolique pour moi, car tout est parti de là. En 2023, Harley France m’a invité aux États-Unis pour fêter les 120 ans de la marque. C’était une reconnaissance de mes réalisations personnelles, puisque j’avais déjà travaillé sur plusieurs motos et même eu un article dans la presse dès 2015. Cette invitation a été un déclic supplémentaire pour franchir le pas.
Au départ, je ne savais pas par où commencer. On m’a conseillé d’aller voir BGE Franche-Comté. J’ai rencontré une conseillère toutes les trois semaines, et c’est elle qui m’a poussé à suivre une formation de six semaines pour créer mon entreprise. J’avais l’impression que le projet était immense et inaccessible. Grâce à cette formation, j’ai découvert des aspects auxquels je n’avais pas pensé, notamment au niveau juridique, bancaire et assurantiel. Cela m’a permis d’avoir des contacts et une vision plus claire.
Mon idée de base était d’avoir un atelier pour créer des motos uniques. Je ne suis pas passionné par l’entretien classique, même si je le propose, mais plutôt par la customisation et la préparation mécanique. L’un des plus gros défis a été de trouver un local adapté, assez grand pour accueillir l’atelier et la vente, et situé entre deux concessions Harley importantes, Besançon et Mulhouse. Après beaucoup de recherches infructueuses, j’ai fini par trouver, presque par hasard, l’endroit idéal. Le bâtiment venait d’être construit, il a fallu tout aménager de zéro : électricité, atelier, toilettes, équipement.
Le financement n’a pas été simple non plus. Beaucoup de banques étaient intéressées mais refusaient de financer l’achat de motos. Finalement, une seule a accepté. À partir de là, j’ai pu avancer. Pour me démarquer, j’ai même fait réaliser un décor inspiré des États-Unis dans l’atelier, afin de donner une identité visuelle forte à mes annonces et à mes photos.
Aujourd’hui, nous travaillons surtout sur la partie mécanique : moteur, châssis, freinage, transmission. Je collabore aussi avec un peintre carrossier qui réalise des peintures à la main, et avec un sellier pour des selles sur mesure. L’objectif est de proposer des motos vraiment uniques, en accord avec ce que les clients recherchent. Harley reste une grande marque, mais ses concessions ne peuvent pas tout faire à cause des contraintes liées au constructeur. Moi, je peux aller plus loin, tant que c’est légal et sécurisé.
Lancer ce projet m’a rappelé mon expérience de client Harley : j’avais compris ce que les gens recherchaient et ce qui leur manquait. Je savais que je devais être bien situé, facile d’accès, et offrir une ambiance conviviale. Le monde Harley, c’est une famille de passionnés, et je voulais prolonger cet esprit.
Au début, j’ai rencontré des difficultés avec les fournisseurs. Comme je n’étais pas encore reconnu, je devais passer par des grossistes en ligne, ce qui limitait mes marges. Petit à petit, en prouvant mon sérieux et ma spécialisation, j’ai pu nouer des partenariats directs avec des fournisseurs aux Pays-Bas, en Allemagne, et même en Suisse. Aujourd’hui, je peux commander n’importe quelle pièce, jusqu’à des moteurs complets de grande valeur, ce qui n’était pas envisageable au départ.
J’ai travaillé dur pour fidéliser les clients, mais le bouche-à-oreille et la rareté de ce type d’atelier dans la région jouent en notre faveur. Les motards aiment pouvoir déposer leur moto et profiter d’un cadre agréable à proximité, avec un café ou des amis. J’ai voulu créer un lieu qui corresponde à cette ambiance.
Récemment, j’ai décidé de frapper un grand coup en modifiant complètement une moto pour en faire un modèle unique. Cela nous a permis d’être remarqués par un magazine spécialisé Harley, qui a prévu un article dédié, ça leur a tellement plu que la moto a fait leur Une. Nous avons aussi été sélectionnés pour un concours international de customisation en juillet. Être retenu dès notre premier projet, face à des ateliers existant depuis quinze ou vingt ans, est une fierté. Cette moto nous a déjà apporté de nouveaux clients venus spécialement après l’avoir vue.
Notre réputation commence à dépasser la région. Nous avons vendu et envoyé des motos dans toute la France grâce à des transporteurs. Certains clients viennent de très loin, y compris de Paris, pour des réglages que d’autres ateliers ne proposent pas. Aujourd’hui, les motos nécessitent des ajustements électroniques complexes, et nous faisons nous-mêmes ces réglages, ce qui nous distingue.
Mon but reste de développer l’activité de customisation, qui est ma véritable passion. Je fais aussi de la vente et de l’entretien, mais ce n’est pas ce qui m’anime le plus. À terme, j’aimerais agrandir l’équipe avec d’autres mécaniciens et vendeurs, pour pouvoir me consacrer exclusivement à la création.
Avec le recul, je me rends compte qu’il fallait avoir l’audace de concrétiser mon idée. Se lancer semblait insurmontable, mais en avançant étape par étape, avec le bon accompagnement, les choses deviennent concrètes. Aujourd’hui, je ne me vois plus retravailler pour un patron. J’ai perdu un peu en salaire, mais ma qualité de vie s’est améliorée. Je travaille plus, je connais d’autres formes de stress liées à la gestion d’une entreprise, mais c’est un stress différent, bien plus gratifiant. Quand je vais à l’atelier, j’ai l’impression d’aller chez moi.
Ce que je retiens, c’est qu’il faut oser, surtout quand on est passionné. On n’est pas forcément plus intelligent que d’autres, mais la passion permet de surmonter les obstacles. Et quand je vois le chemin parcouru, je me dis que j’ai bien fait de croire en mon projet. »