Talent BGE 2025 pour la région Provence - Alpes - Côte d'Azur
Chef à domicile
Eliès est devenu cuisinier comme son père avant lui, un métier exigeant qu’il a appris auprès de lui et dans les plus luxueux établissements de Nice. Aujourd’hui, Eliès est chef à domicile à son compte, il nous raconte pourquoi : »
Avant, je faisais de très grosses journées dans les hôtels et les restaurants, avec des horaires décalés, et la fatigue finissait par s’accumuler. J’ai aussi des soucis de santé qui rendaient ce rythme-là impossible à tenir sur le long terme. Il a donc fallu que je trouve une autre façon de continuer mon métier, mais à mon rythme. Le métier de chef à domicile, c’était la meilleure option pour moi. Au début, j’avais des doutes, mais je me suis lancé l’année dernière, et finalement ça fonctionne bien. L’hiver, c’est plus calme, mais la saison est bien remplie. Aujourd’hui, ça me plaît.
Si j’ai choisi de travailler à domicile, c’est surtout à cause de ma santé. Un restaurant demande beaucoup plus d’investissement, c’est plus stressant aussi. En étant à mon compte, je peux m’adapter, prendre le temps de me reposer si j’en ai besoin. Pour moi, c’est la meilleure solution. Je peux vraiment gérer mon rythme en fonction de mon état.
Quand on a des soucis de santé, on doit parfois revoir ses projets, mais ça ne veut pas dire qu’on doit tout arrêter. Il faut juste trouver la bonne manière de continuer. Moi, j’ai été greffé des poumons il y a huit ans. Ça m’a sauvé la vie et aujourd’hui, ça me permet de continuer à travailler. Ça ne me dérange pas d’en parler, au contraire, je pense que c’est important de le faire. Le don d’organes sauve des vies, et c’est bien d’en parler. Mais c’est vrai que parfois, dire qu’on a été greffé, ça peut faire peur à certains employeurs potentiels. Pourtant, ça n’empêche pas de travailler.
C’est sûr qu’être malade, ça m’a poussé à changer de voie. Peut-être que même en bonne santé, j’aurais fini par me mettre à mon compte, ou peut-être pas. Mais c’est clair que mon état de santé a pesé dans cette décision. Aujourd’hui, avec le traitement et la fatigue, c’est devenu compliqué d’assumer un poste avec deux services par jour en CDI. Être à mon compte, c’est ce qui me correspond le mieux.
Après mon inscription à France Travail, on m’a orienté vers BGE Côte d’Azur. Ça s’est fait très vite, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a tout de suite encouragé à me lancer. J’étais un peu hésitant au début, mais j’ai bien fait d’écouter ses conseils. En quelques mois, j’ai eu mes premières prestations et ensuite ça s’est enchaîné naturellement.
Mes premiers clients, c’était par le biais d’événements avec le groupe Robuchon, des mariages, des banquets, des matchs de foot à Monaco. Après, j’ai travaillé avec des agences de luxe, des conciergeries. Mon tout premier client en direct, c’était en juin de l’année dernière, grâce à un chef rencontré sur un événement qui m’a passé une prestation. Dans ce métier, le bouche-à-oreille marche vraiment très bien.
J’ai appris énormément de choses, surtout sur tout ce qui est administratif. Franchement, au début j’étais complètement perdu, je ne connaissais rien aux démarches, aux lois. J’ai suivi une formation de cinq jours avec la BGE sur la création d’entreprise, et ça m’a beaucoup aidé à y voir plus clair. J’ai aussi intégré une couveuse d’entreprise en janvier 2024, pour un an. Ça m’a permis de tester mon activité sans stress, de voir si ça pouvait fonctionner. Grâce à ça, j’ai pu mettre un peu d’argent de côté, investir dans du matériel, des cartes de visite, des tenues. C’était rassurant de pouvoir tester sans tout risquer. La couveuse m’a vraiment aidé à comprendre que c’était faisable, que ce n’était pas si compliqué d’ouvrir sa boîte. Ce qui me faisait surtout peur, c’était l’administratif, mais en réalité, une fois bien expliqué, ce n’est pas si compliqué !
La recherche de clients, c’est encore difficile aujourd’hui. Il y a beaucoup de chefs sur la région, c’est très concurrentiel. Beaucoup travaillent avec des agences ou des concierges qui ont plus facilement accès aux clients car ils proposent d’autres services en plus. C’est plus compliqué d’avoir ses propres clients directs, mais à force de faire des prestations, je pense qu’avec le temps, je peux me créer un petit cercle fidèle. Certains clients aiment changer chaque année, mais d’autres préfèrent garder le même chef une fois qu’ils en sont contents.
Ma clientèle, c’est surtout des familles, des enfants, des grands-parents, des amis. Je fais la cuisine du matin au soir, parfois seulement le déjeuner ou le petit déjeuner. C’est surtout des gens en vacances qui veulent se reposer. Les événements type brunch ou buffet dînatoire, c’est plus en fin d’année ou hors saison, parfois avec des entreprises. J’aimerais bien développer cette clientèle pour équilibrer avec la saisonnalité.
D’octobre à avril, c’est très calme. Pour toucher le haut de gamme l’hiver, il faudrait aller en station de ski mais je préfère éviter les déplacements pour le moment. Je cherche des solutions pour trouver d’autres clients locaux pour la saison basse. Peut-être développer une petite partie traiteur, mais ça demande un laboratoire et pour l’instant, je n’en ai pas. J’ai un ami restaurateur qui me prête sa cuisine quand j’en ai besoin, mais je travaille seul, donc ma limite c’est une trentaine de personnes. Les mariages, c’est trop lourd pour le moment.
Ce qui me motive aujourd’hui, c’est surtout la reconnaissance des clients. Quand on me remercie après un repas, ça me fait vraiment plaisir. Et puis, il y a aussi la liberté que j’ai dans mon planning, ça c’est précieux. Pouvoir me reposer quand j’en ai besoin, prendre du temps pour moi, faire du sport. Cette liberté-là et la satisfaction des clients, c’est ce qui me rend heureux aujourd’hui dans mon travail.
J’essaye de m’améliorer sur la communication, mais c’est pas évident ! J’ai du mal avec les réseaux sociaux. Heureusement, j’ai quelqu’un qui fait les photos pour moi, mais je dois quand même prendre le temps de les publier sur Instagram. C’est un vrai travail en plus de la cuisine, rédiger des posts et trouver l’inspiration, c’est loin d’être facile. Je n’ai pas l’habitude d’être pris en photo ou en vidéo, et encore moins de me mettre en avant. J’ai toujours travaillé dans l’ombre, dans des cuisines, en brigade. Aujourd’hui, en tant que chef à domicile, il faut montrer ce qu’on fait, partager son univers pour attirer des clients. C’est vraiment pas naturel pour moi, mais je commence à prendre l’habitude. J’essaye aussi de faire des petites vidéos de cuisine, des recettes rapides en format short, c’est un exercice que je dois encore travailler. »