Talent BGE 2025 pour la région Auvergne-Rhône-Alpes
Cet atelier de gravure à Clermont-Ferrand est doublé d'une boutique où l'on trouve des expositions d’objets d’art et d'artisanat. On y pratique des stages d’initiation à la gravure en relief ou en creux, mais aussi des séances de pratique libre ouvertes à tous sur réservation.
Albane nous raconte son parcours d’entrepreneure : « Après des problèmes de santé, j’ai cherché à rebondir professionnellement en créant un espace de travail qui me corresponde et respecte ma fatigue. L’entrepreneuriat était surtout un moyen pour moi d’organiser mes journées comme j’en avais besoin. J’avais déjà créé mon activité en 2015 où je consacrais l’essentiel de mon temps à la création graphique. Les ateliers de gravure étaient plus anecdotiques. Grâce à BGE AURA et à une subvention de Agefiph, j’ai pu investir et faire les choses bien, de manière plus structurée.
Aujourd’hui, ce sont vraiment les ateliers de gravure que je veux transmettre. Je fais encore quelques commandes graphiques, mais contrairement à 2015 où c’était anecdotique, je me concentre maintenant sur le partage du savoir-faire et la création manuelle. Le plus dur a été de trouver un lieu. J’ai souvent fonctionné de manière nomade, mais à un moment, avoir un vrai local devient essentiel pour se développer, gagner en légitimité et faciliter la communication autour du projet.
J’ai d’abord eu un atelier à Clermont pendant six mois, mais il est devenu trop petit quand j’ai acquis une grande presse. J’ai trouvé par la suite un nouveau lieu dans lequel je peux me projeter sur le long terme, même s’il s’agit d’un bail précaire. En plus dans ce local, je ne suis pas seule, ce qui rend le projet plus simple à porter. Aujourd’hui, j’ai l’espace nécessaire pour envisager un développement, à la fois en termes de lieu et de modèle économique.
À côté, je travaille aussi en CDI à 70 %, ce qui me permet de sécuriser ma situation, surtout que ma santé va mieux. Le CDI m’apporte une stabilité financière, de l’épanouissement, car j’ai la chance de faire un travail que j’aime beaucoup, et de la sérénité. Je n’ai pas forcément pour objectif de vivre uniquement de mon entreprise. L’équilibre entre les deux activités me convient bien.
C’est ma conseillère Cap Emploi, spécialisée dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap, qui m’a parlé de la subvention de l’Agefiph et de BGE, qui pouvait m’accompagner pour monter le dossier. J’ai eu beaucoup de chance dans ce parcours, avec les bonnes personnes au bon moment.
J’ai suivi plusieurs formations, je crois qu’il y en avait six ou sept, plus des entretiens réguliers avec mon conseiller-formateur. Ce qui m’a le plus servi, c’est la partie budget et juridique : apprendre à faire un budget, des contrats, les relire. Je suis plutôt anxieuse, donc je fais très attention à ces aspects juridiques. Heureusement, il y a des structures gratuites qui m’ont beaucoup aidée, comme la maison de la justice. Le business plan aussi me faisait peur, c’était dur pour moi, malgré le logiciel de BGE. Mais ça en vaut la peine car avoir un business plan convaincant c’est quand même très utile ! Et à partir de là, on peut faire beaucoup de choses. BGE, m’a surtout aidée concrètement à mettre tout ça en place.
Avant BGE, j’avais aussi suivi un accompagnement avec une structure locale qui s’appelle Le Damier. Ils m’ont aidée à clarifier mon projet, à le formuler, à faire un pitch. Une autre aide précieuse a été un prêt pro avec l’Adie, que je ne pensais pas possible. J’ai été surprise de voir que ces structures, qui paraissent un peu lointaines, sont en fait portées par des gens sympathiques et accessibles. Pour moi, ça a été des expériences très humaines et enrichissantes.
J’ai pris l’atelier avec une autrice, Fanny Baspeyrat, qui donne des ateliers d’écriture, vend ses livres et fait de l’art-thérapie par l’écriture. Depuis début avril, une troisième personne a rejoint le lieu, elle organise des escape games dans le centre historique de Clermont et avait besoin d’un bureau non fixe et d’un point de rendez-vous.
On partage l’espace selon les disponibilités, sans plages horaires fixes, mais on s’organise bien. Par exemple, Fanny n’est pas là les mercredis et samedis, qui sont mes jours de forte activité. En revanche je suis absente en soirée donc elle est libre pour utiliser ma partie de l’atelier : on s’arrange pour partager les espaces selon les besoins. J’aime bien ce fonctionnement. Partager le lieu sans tomber dans une trop grande interdépendance. Je tiens à garder de la liberté dans mon organisation. Ce genre d’équilibre avec mes colocataires actuelles, c’est parfait.
Je propose deux types d’utilisation de l’atelier : l’initiation accompagnée ou la pratique libre. J’ai des personnes régulières sur ces créneaux, mais souvent, ce sont des gens du coin qui viennent juste une fois découvrir l’activité. Certains poursuivent chez eux ensuite, parfois en s’équipant.
La première exposition m’a beaucoup appris, notamment sur l’organisation, la scénographie, les vernissages, et même si c’est passionnant, financièrement, ce n’est pas du tout rentable ! Je me rends compte que je ne peux pas y consacrer trop de temps. Mon activité principale reste donc l’animation des ateliers, et j’espère bientôt retrouver du temps pour mes propres créations. Depuis novembre, je n’ai pu travailler pour moi que deux ou trois heures. Pour l’instant, l’espace sert surtout aux autres, mais je suis contente de ça.
Pour fidéliser les pratiquants en libre, je propose des abonnements ou des packs à prix réduits. Je tâtonne encore sur les formules. Les tarifs, c’est toujours compliqué à ajuster.
Je n’ai pas vraiment de journée type, mais en gros, je passe la plupart de mon temps à l’atelier à animer des ateliers de gravure de trois heures avec un maximum de six personnes. Maintenant que j’ai plus de place et une meilleure organisation, les préparations et le rangement prennent moins de temps. J’accueille aussi le public pour la partie boutique et exposition, mais c’est encore marginal, je ne suis pas très connue, et les ventes d’œuvres représentent un petit pourcentage de mon chiffre d’affaires.
J’aimerais aussi faire plus d’interventions extérieures : dans des écoles, des structures municipales… C’est beaucoup de logistique, mais très enrichissant et rentable. C’est une voie que je veux développer. Je pensais que les démarches avec les structures (écoles, mairies…) iraient plus vite. En réalité, c’est lent, je reste parfois plusieurs mois sans réponse. Il faut rester patient.
Je me suis inscrite sur une plateforme en ligne où on peut réserver des ateliers, et ça a tout changé ! Avant, je faisais quelques ateliers, mais il y avait moins de fréquentation, c’était surtout du bouche-à-oreille. L’Office du tourisme m’aide beaucoup aussi, maintenant je suis partenaire avec eux, intégrée dans leurs offres, et je compte dessus. On est voisins, donc c’est pratique.
Je cherche également des structures-relais pour la communication. Se diffuser seule, c’est décourageant, les résultats sont durs à obtenir. Donc même quand des structures prennent une marge, ça me va, parce que ça me soulage de cette partie. Et puis quand les gens voient que les ateliers sont conseillés par l’Office du tourisme, ça rassure, ça donne de la légitimité.
Quand on commence à être en lien avec une structure, les autres suivent plus facilement. Il y a un moment où ça bascule et ça devient plus fluide. Aller voir les gens directement, ça paie. Un jour, je suis allée à la bibliothèque du patrimoine, j’ai eu de la chance : j’ai rencontré la chargée de l’animation culturelle. Grâce à elle, par la suite, j’ai pu faire des ateliers. Les mails c’est pratique, mais rien ne vaut les rencontres.
Je développe en ce moment un projet de kit de gravure. Il en existe déjà, mais j’aimerais proposer le mien, en combinant des produits que je connais et apprécie. »