ENTREPRENEURIAT FEMININ : Au-delà de la parité, comment bien vivre de son activité ?

Publiée le 08/03/2023

Les femmes entrepreneures sont de plus en plus nombreuses ; BGE – Réseau d’accompagnement à la création et au développement d’entreprises – le constate depuis plusieurs années au sein de son public. Toutefois, derrière des chiffres en progression, se cache une réalité contrastée montrant qu’il y a encore du chemin à parcourir pour que ces projets entrepreneuriaux riment avec rentabilité et pérennité.

Animé par l’ambition de démocratiser l’entrepreneuriat, le réseau BGE observe depuis plusieurs années une parité en matière de concrétisation d’idée en projet et de réussite entrepreneuriale. Un phénomène confirmé en 2022 avec :

  • 31 000 femmes accompagnées/formées à l’entrepreneuriat, soit 56% du public rencontré,
  • 9 000 entreprises accompagnées créées par des femmes,
  • Un taux de passage à l’acte dans la création d’entreprise identique à celui des hommes (30%),
  • Un accès au financement égal (voire supérieur) à celui des hommes.

Ces chiffres illustrent l’idée que dans le cadre d’un projet entrepreneurial, il est essentiel de faire abstraction des représentations pour se concentrer sur la personne et son potentiel entrepreneurial. Toutes et tous peuvent réussir à condition de maîtriser les compétences nécessaires et de les mettre au service d’un projet viable.

Quête de sens et rentabilité : deux dimensions conciliables ?

Si le volume est là, la réalité de ces entreprises pose plusieurs questions, notamment celle du secteur d’activité et de la viabilité économique.

Parmi les personnes accompagnées par BGE, une part croissante de femmes est en quête de sens et fait le choix de la reconversion, motivée par le souhait de créer une activité en phase avec ses valeurs et son équilibre vie pro / vie personnelle.
Cela s’accompagne trop fréquemment d’immatriculations dans des secteurs souvent peu rémunérateurs ou saturés, comme ceux du soin à la personne et du bien-être ou du coaching. Cela met bien en évidence qu’il est aussi primordial de s’assurer que les fondamentaux de la rentabilité économique sont là (offre qui corresponde à la réalité du marché).

Pour autant, les femmes accompagnées chez BGE sont autant représentées que les hommes dans des secteurs majeurs tels que le commerce, l’hôtellerie-restauration ou les activités récréatives.

Si l’on peut se réjouir que le combat de la démocratisation soit en passe d’être gagné et que les femmes soient devenues des entrepreneur.es comme les autres, il faut toutefois rappeler que la viabilité économique est la condition de réussite d’une entreprise et donc d’un épanouissement à plus long terme, quels que soient les motivations à entreprendre ou plus encore le genre.

Casser les codes grâce à l’entrepreneuriat

Du potentiel et des compétences entrepreneuriales, Nathalie Sablier de O-Leaks, Virginie Saillard des Escargots du Moulin, Sabrina Chappe d’Avenir rénovations 82 et Céline Sévrain de Selles by Cel, n’en manquent pas. Toutes cassent les codes au quotidien en s’imposant dans des secteurs réputés masculins.

En soutenant ces femmes qui ont choisi d’entreprendre dans des domaines traditionnellement genrés au masculin, BGE démontre que l’entrepreneuriat peut aussi être le laboratoire des changements sociaux.

Nathalie Sablier

Fondatrice d’O-Leaks
À Villeneuve-sur-Lot – 47
Accompagnée par BGE Sud-Ouest

Nathalie avait envie d’entreprendre, et besoin de créer une entreprise conforme à ses valeurs. Elle a trouvé sa bonne idée grâce à des amis et a créé, dans son territoire, une entreprise innovante de recherche de fuites d’eau. Elle s’est tout de suite entourée d’un technicien expert dont les compétences sont déjà reconnues par les clients et les professionnels du secteur. Bien que le secteur soit essentiellement masculin Nathalie a trouvé beaucoup de soutien parmi les professionnels, preuve qu’il ne faut pas s’arrêter aux idées reçues.

Virginie Saillard

Fondatrice des Escargots du Moulin
À Choye – 70
Accompagnée par BGE Franche Comté

Exploiter le moulin bicentenaire familial, revenir à la nature et travailler en autonomie. Voilà les objectifs de Virginie quand elle a fondé son entreprise. Avec 95% des escargots consommés en France produits à l’étranger, c’est une belle part de marché qui s’ouvre pour ses escargots bio ! Elle ne se contente pas de proposer sa production sur place, elle a investit dans un véhicule qui lui permet de vendre sa production en itinérance, elle participe grâce à son food-truck à toutes sortes d’évènements dans sa région. Grâce à une levée de fonds de 90 000 euros, elle aura bientôt son propre laboratoire pour la transformation de ses escargots.

Sabrina Chappe

Fondatrice d’Avenir rénovations 82
À Montauban – 82
Accompagnée par BGE Sud-Ouest

Sabrina a été responsable administrative et financière dans un grand groupe de BTP. Son envie d’indépendance et de liberté l’a poussée à créer son entreprise dans ce secteur qu’elle connaissait bien. Grâce à l’intégration d’un réseau de franchise, il lui a été possible de passer rapidement d’une fonction support à la conduite de travaux. Si son ancien métier l’avait bien préparée à la gestion de l’entreprise au quotidien, elle trouve qu’être une femme qui entreprend dans un secteur masculin peut être un avantage. Pour contrer la solitude de l’entrepreneuse, elle conseille de s’entourer : les rencontres de son BGE Club local lui permettent de partager son quotidien de cheffe d’entreprise.

Céline SEVRAIN

Fondatrice de Selles By Cel !
À Augny – 57
Accompagnée par BGE Alsace Lorraine

Après avoir passé la moitié de sa vie à faire passer les besoins de sa famille avant sa carrière, Céline, qui est aussi motarde prend sa revanche en alliant sa passion pour la moto à celle de l’artisanat. Après une formation-express de seulement deux semaines elle a investi dans une machine à coudre spécialisée et a ouvert son atelier qui a pignon sur rue.
Elle reçoit les motards et construit le projet avec eux. La satisfaction est telle que le bouche à oreille lui a permis de remplir son carnet de commande sur plusieurs mois. Elle devra probablement abandonner son statut de micro-entreprise avant la fin de l’année !