Marie Marolleau – Biotiful Pain

Boulangerie Bio à Montauban
Lauréate 2025 du concours 101 Femmes Entrepreneures

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Trouver sa voie

Marie a eu envie de changer de vie, elle nous raconte : « J’ai commencé ma carrière comme travailleuse sociale. C’est un métier que j’ai exercé avec engagement pendant plusieurs années, mais au fil du temps, j’ai ressenti une certaine lassitude. Le travail social, que j’avais choisi pour l’humain, le lien et la solidarité, s’est peu à peu transformé en une activité très administrative. J’avais le sentiment de passer plus de temps à remplir des dossiers qu’à accompagner réellement les personnes. Cette situation a fini par me démotiver. J’avais besoin de retrouver du sens, de revenir à quelque chose de concret, de manuel, où je pourrais voir immédiatement le résultat de mon travail et créer du lien autrement.
Je me suis alors interrogée sur ce que je pouvais faire d’autre, en restant dans cette idée de proximité et de contact humain. J’ai envisagé plusieurs pistes, notamment dans la coiffure et l’esthétique, des métiers qui permettent aussi de créer du lien direct avec les gens. Mais l’usage fréquent de produits chimiques et la dimension très codifiée du secteur ne me correspondaient pas. J’avais envie de simplicité, d’authenticité, d’un métier manuel ancré dans la vie quotidienne.

Apprendre un nouveau métier

C’est à ce moment-là que l’idée de la boulangerie s’est imposée à moi. J’ai toujours aimé faire mon pain, j’y trouvais à la fois un geste créatif et apaisant. Une amie boulangère m’a encouragée à me lancer et m’a parlé de formations possibles. J’ai alors découvert qu’un centre de formation d’apprentis proposait un cursus en alternance pour adultes, financé dans le cadre d’un dispositif régional. J’ai postulé sans trop y croire, pensant ne pas correspondre aux critères. Finalement, j’ai été retenue. J’ai intégré la formation et effectué mon alternance auprès d’un paysan-boulanger, ce qui m’a permis de découvrir une approche artisanale, respectueuse des produits et des rythmes naturels. Cette expérience a été déterminante : elle m’a donné confiance et confirmé que c’était la voie que je voulais suivre.
Après la formation, j’ai commencé à réfléchir à la création de ma propre boulangerie. J’avais envie d’un lieu à taille humaine, ancré dans un territoire, où les habitants pourraient non seulement acheter du pain, mais aussi échanger, se rencontrer, recréer du lien social. Je voulais que ce projet soit porteur de valeurs simples : le goût du travail bien fait, la convivialité et la durabilité.

 

Apprendre à être cheffe d'entreprise

C’est à ce moment-là que j’ai été accompagnée par BGE Sud-Ouest. En tant que travailleuse handicapée, je pouvais bénéficier d’un accompagnement renforcé pour la création d’entreprise. Cet accompagnement a été essentiel. La conseillère m’a aidée à structurer le projet, à établir le prévisionnel, à évaluer la rentabilité, à envisager différents scénarios d’évolution. J’ai également suivi plusieurs modules de formation en ligne sur la gestion, la communication et les démarches administratives. Le processus a été long, mais très formateur. Il m’a permis d’aborder la création avec méthode et sérénité, en anticipant les difficultés possibles.
Le montage financier a été un vrai défi. J’ai rencontré des obstacles pour obtenir certains financements, notamment des refus liés à des critères d’assurabilité, lié à mes récents problèmes de santé. Malgré tout, j’ai réussi à mobiliser plusieurs soutiens personnels et à lancer une cagnotte participative, qui a rencontré un écho très positif. Cette solidarité m’a touchée et m’a donné l’élan nécessaire pour franchir le pas. J’ai ainsi pu acquérir mon matériel de base, notamment le four, et ouvrir ma boulangerie artisanale à Montauban.

Un accompagnement dans la durée

Mon objectif dès le départ était de créer un commerce de proximité vivant, accessible et convivial. J’ai choisi un local à deux pas de chez moi, que j’ai réaménagé de façon à ce que le fournil soit visible depuis l’espace de vente. Les clients peuvent ainsi voir le pain se fabriquer, échanger quelques mots pendant que je travaille, ou simplement s’asseoir un instant pour boire un café. J’aime que ce lieu soit vivant, qu’il suscite la curiosité et crée du lien entre les habitants du quartier.
Les débuts ont été exigeants. Le travail du levain demande de la rigueur et de la patience. J’ai dû ajuster mes recettes, mes temps de pousse et mon organisation. Heureusement, les clients du quartier ont été bienveillants et curieux. Peu à peu, le bouche-à-oreille a fonctionné. La clientèle s’est fidélisée et la production s’est stabilisée. Aujourd’hui, la boulangerie fonctionne bien. Je propose des pains au levain, des produits simples et de qualité, à base de farines locales. Les gens viennent pour le goût du pain, mais aussi pour l’ambiance du lieu, pour la discussion et la convivialité.
L’accompagnement de BGE a continué après l’ouverture. J’ai pu bénéficier de conseils sur la gestion courante, la communication et la participation à certains événements locaux. J’ai aussi eu la chance d’être sélectionnée dans le cadre du programme « 101 Femmes Entrepreneures », ce qui m’a permis de rencontrer d’autres femmes qui s’étaient lancées, d’échanger sur nos parcours et de donner de la visibilité à mon activité. Ces rencontres m’ont beaucoup inspirée et m’ont confortée dans l’idée que l’entrepreneuriat féminin peut apporter une vision différente et complémentaire dans le monde économique.

Ouvrir son espace à d'autres

Aujourd’hui, je cherche avant tout à consolider mon activité et à préserver un équilibre de vie. Le fait d’avoir mon commerce près de chez moi me permet d’être disponible pour mes enfants tout en travaillant dans un cadre qui me correspond. Je me sens à ma place, entre le geste manuel, la créativité et le contact humain.
Je réfléchis aussi à la suite : pourquoi ne pas faire évoluer la boulangerie vers un lieu plus collectif ? L’espace s’y prête. J’aimerais peut-être m’associer avec quelqu’un pour développer un coin pâtisserie, snacking ou café. L’idée serait de créer un petit pôle artisanal autour du pain, un espace de vie et d’échanges, tout en gardant la simplicité et l’esprit local qui font aujourd’hui la force du lieu.
Mon parcours n’a pas été linéaire, mais il m’a permis de construire un projet solide, cohérent et profondément humain. Aujourd’hui, ma boulangerie est bien plus qu’un commerce : c’est un lieu de vie, un espace d’équilibre, et le symbole d’une reconversion réussie, à la fois professionnelle et personnelle. »

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