Talent BGE 2025 pour la région Nouvelle-Aquitaine
Crêperie & glaces artisanales, salon de thé, bar, épicerie de produits exclusivement locaux et principalement bio
Roxane nous raconte : « Depuis toujours, j’ai senti qu’au fond de moi, je n’étais pas faite pour travailler pour quelqu’un d’autre. Même si j’ai adoré les différents métiers que j’ai exercés, je ne me suis jamais sentie réellement à ma place. Je m’investissais à fond, mais j’attendais en retour une reconnaissance qui ne venait pas. J’avais cette petite voix qui me répétait : « Quand est-ce que tu te lances ? » Mais quand on manque de confiance en soi, c’est difficile de passer à l’action, d’organiser ses idées et de savoir par où commencer. Plus j’y pensais, plus mes idées se mélangeaient. C’est là que l’accompagnement de BGE a été déterminant. Ma conseillère a su écouter mes peurs, me rassurer et m’aider à détricoter ce qui était en désordre pour construire un projet solide.
Il y a sûrement aussi une part d’héritage familial. Mon arrière-grand-mère tenait déjà son propre magasin, mon grand-père était entrepreneur. Seuls mes parents ont choisi une autre voie. Cette fibre d’indépendance était là, mais il a fallu un choc pour qu’elle se révèle. Le décès de mon frère, il y a cinq ans, a été un moment décisif. Après avoir touché le fond et perdu toute envie, j’ai fini par me dire : qu’est-ce que je risque, au fond ? J’y pense depuis des années, je sais que je peux travailler dur. Essayons !
Avant d’arriver à Pimbo, je vivais en Alsace où je travaillais comme coordinatrice culturelle. J’adorais ce métier : organiser des concerts, des spectacles, apporter de la joie aux gens. Quand je suis arrivée dans le Sud-Ouest, j’ai postulé partout pour continuer dans cette voie, mais c’était en pleine période de Covid et je n’ai pas retrouvé de poste. J’ai dû faire le deuil de ce métier. J’ai alors confié mes idées et mes envies à mon compagnon : mon amour des crêpes, des glaces, et surtout ce besoin de rendre les gens heureux. C’est lui qui a planté la graine : « Et pourquoi pas toi ? Et pourquoi pas Pimbo ? » Le village est situé sur le chemin de Saint-Jacques, avec des milliers de pèlerins qui passent chaque année. Et puis, les Landes, après l’Alsace, me semblaient bien calmes… Pourquoi ne pas y apporter un peu de vie ?
En réalité, ce projet me travaillait depuis longtemps. En Alsace déjà, j’avais rencontré BGE, mais j’avais pris peur et abandonné. En arrivant dans le Sud-Ouest, voyant qu’aucun poste ne se présentait, j’ai repris contact. Cette fois-ci avec BGE Landes, j’ai eu la chance de tomber sur une conseillère-formatrice d’une patience et d’une bienveillance incroyables. Même quand je doutais, elle avait toujours les mots justes pour me redonner confiance.
Avec son aide, j’ai lancé une étude de marché, diffusé un questionnaire sur les réseaux. J’étais surprise : plus de 200 réponses sont arrivées, alors que la commune compte à peine 186 habitants. La mairie m’a confirmé que le passage des pèlerins garantissait une belle visibilité, entre 9 000 et 12 000 personnes par an. Restait à trouver le lieu. À Pimbo, il y avait cet ancien bâtiment, tout en pierre et en bois, fermé depuis trois ans. À chaque fois que je passais devant, je me disais : « C’est tellement dommage !» C’était le bâtiment de mes rêves. Comme si tout s’était aligné, j’ai pu défendre mon projet face au conseil municipal et la mairie a accepté de me louer ce lieu pour un petit loyer, afin d’encourager le projet. En contrepartie, je m’occupe de l’accueil des pèlerins. Cela permet de redonner vie à la place du village.
Ce qui m’a amusé, c’est de découvrir que le bâtiment porte une œuvre représentant l’Alsace. Et Pimbo est jumelé avec Saint-Louis… la ville alsacienne où je travaillais auparavant. Une coïncidence qui m’a convaincue que c’était ici, ou nulle part.
J’ai ouvert ma crêperie-glacier-épicerie locale avec un prévisionnel modeste. Je visais 65 000 € de chiffre d’affaires pour la première année, j’en ai réalisé plus de 100 000. Ma comptable m’a dit que je faisais des bénéfices au bout de 80 jours, quand la moyenne est plutôt autour de 120. Les clients viennent pour les crêpes et les glaces, mais je crois qu’ils reviennent aussi pour l’accueil. J’aime sincèrement mes clients, et je pense que ce lien compte autant que la qualité des produits.
Le travail, lui, est intense. Je m’étais engagée à ouvrir sept jours sur sept pendant sept mois pour assurer l’accueil des pèlerins. La première année, je faisais tout seule, matin et soir, en préparant les glaces la nuit. J’ai fini épuisée, avec des malaises. Aujourd’hui, j’ai réajusté : je prépare le matin, je ferme plus tôt, et j’ai embauché. Ma mère m’aide le week-end, et une habitante du village vient le soir. Cette entraide fait du bien à tout le monde.
Côté glaces, je suis passionnée. J’ai suivi une formation en Bretagne, où j’ai appris à travailler vraiment les matières premières. Contrairement aux glaces industrielles, ici tout est fait maison. Un bac demande deux heures de travail avec ma petite turbine, mais le résultat en vaut la peine. Certaines créations sont devenues des incontournables, comme la cacahuète de Soustons, le pruneau-Armagnac. Je me suis même amusée avec un parfum au vin chaud, un clin d’œil à l’Alsace.
Je propose aussi une épicerie de produits locaux, pour mettre en avant le travail des producteurs d’ici et intégrer ces saveurs dans mes glaces.
Aujourd’hui, la demande dépasse parfois ma capacité de production, mais je prends le temps de bien faire. Mon ambition n’était pas de créer une grande entreprise, mais un petit commerce chaleureux qui fasse vivre le village et ravisse les pèlerins. Voir la terrasse pleine, les habitants heureux, les pèlerins repartir le sourire aux lèvres, c’est ma plus belle récompense.
Je sais que je suis maladroite – mes amis me surnomment « Roxette » parce que je fais toujours des boulettes – mais je crois que c’est aussi ce qui rend mon commerce humain.
J’ai encore des projets : passer une VAE pour obtenir le CAP de glacier et pouvoir revendiquer officiellement mon savoir-faire, investir dans une plus grande turbine, peut-être développer de nouvelles recettes. Mais je garde l’esprit de départ : avancer pas à pas, rester fidèle à ma passion et à ce lien unique avec ceux qui poussent la porte de ma boutique. »