Talent BGE 2025 pour la région Bourgogne
Centre événementiel sports et loisirs accessibles à tous
Lydia nous parle de son parcours : « J’ai passé vingt-trois ans dans l’industrie pétrolière, où j’ai progressivement gravi les échelons jusqu’à devenir directrice qualité monde pour un grand groupe. Mon périmètre a d’abord couvert l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, puis l’Asie. Au fil des années, les crises pétrolières ont imposé des restructurations : on étendait mes responsabilités tout en réduisant les ressources. Cette pression constante m’a conduite à un burn-out sévère. Je suis tombée malade, incapable de gérer des tâches simples, jusqu’à mettre près de deux ans à retrouver un équilibre. Moi qui avais dirigé des équipes internationales et géré des contrats complexes, je ne pouvais même plus rédiger un mot pour l’école de ma fille. C’est une expérience qui m’a profondément marquée et qui m’a forcée à réévaluer mes priorités.
Pendant ma convalescence, j’ai compris que je ne voulais plus ni retourner dans un grand groupe, ni dans l’industrie pétrolière, malgré les nombreuses sollicitations. Il me fallait un projet qui ait du sens, qui me ressemble. Le golf, que je pratique depuis huit ans, a été un soutien essentiel pendant cette période. Il m’a permis de me reconstruire, de retrouver de l’énergie et du plaisir. Je suis devenue une passionnée, capable de jouer sous la pluie ou la neige, et de faire trente-six trous dans une journée ! C’est naturellement que j’ai eu l’idée de bâtir un projet autour de ce sport.
En observant le marché en Bourgogne-Franche-Comté, j’ai constaté que l’offre liée au golf était limitée, peu accessible aux débutants et dépendante de la météo. J’ai donc imaginé un centre indoor avec des simulateurs, permettant de jouer toute l’année et de s’initier sans barrière. Rapidement, j’ai élargi le concept au mini-golf, plus convivial et connu du grand public, pour donner envie de tenir un club en main, même sans expérience. L’objectif était clair : casser l’image élitiste du golf et en faire un sport ouvert à tous. J’ai été accompagnée par BGE Nièvre-Yonne et grâce à l’étude de marché que j’ai faite dans le cadre de la structuration de mon projet, il a fallu me rendre à l’évidence : il allait falloir élargir à d’autres pratiques que le golf pour que mon entreprise soit rentable.
La recherche d’un local a également marqué un tournant. Alors que je visais initialement un petit espace, j’ai trouvé un bâtiment de 1 400 m². Des échanges dans des clubs d’affaires m’ont encouragée à voir plus grand : on me répétait que les femmes pensent souvent trop petit dans leurs projets. J’ai donc osé, tout en construisant un business plan solide avec BGE pour sécuriser le développement. Ce choix a donné naissance à un véritable complexe sportif, et non plus seulement à un espace de golf.
Une dimension essentielle de ce projet est l’accessibilité. Mon père a subi un grave AVC qui l’a laissé handicapé et aphasique, ce qui m’a sensibilisée aux difficultés rencontrées par les personnes en situation de handicap pour accéder aux loisirs. J’ai découvert que le handicap ne se résume pas à un fauteuil roulant et que l’offre d’activités adaptées est extrêmement limitée dans la région. J’ai voulu que mon centre soit un lieu ouvert à tous, en proposant des espaces et des activités inclusifs.
Aujourd’hui, le centre propose des simulateurs de golf, un mini-golf, du squash, de la pétanque et d’autres activités. La pétanque, en hommage à mon père, est un sport accessible à tous les âges. Le squash, que j’avais prévu comme une offre complémentaire, a rencontré un succès inattendu, au point de susciter la création d’une association sportive. Cette diversité permet de toucher un public large, du joueur confirmé à la famille en quête de loisir.
Ce projet est aussi ma revanche sur la maladie. Mon burn-out a été reconnu en maladie professionnelle, et j’ai obtenu le statut de travailleuse handicapée, une étape difficile à accepter mais qui fait aujourd’hui ma force. Je connais mes limites et celles de mon équipe, et je n’hésite pas à fermer temporairement le centre pour préserver la santé de tous. Cette expérience m’a appris à écouter mon corps, à reconnaître les signaux d’alerte et à construire une entreprise où l’humain prime sur la performance.
Chaque journée où je vois des personnes en fauteuil profiter pleinement des installations, chaque moment partagé avec des groupes qui se sentent accueillis et libres, donne tout son sens à ce parcours. Mon centre n’est pas seulement un lieu de sport : c’est un espace de passion, de rencontres et d’inclusion, né d’une épreuve qui a finalement révélé ma plus grande force.
Ce qui me passionne chaque jour dans mon projet, c’est l’imprévu. J’avais prévu une clientèle principalement composée de non-golfeurs, mais à l’ouverture, ce sont d’abord les particuliers déjà pratiquants qui sont venus. Puis la tendance s’est inversée, confirmant le potentiel d’un public plus large. Même surprise pour le squash, qui a rencontré un succès bien plus fort que prévu. Ces réactions inattendues ne m’inquiètent plus : elles font partie du jeu et m’encouragent à m’adapter.
Dès le départ, j’ai voulu que ce centre soit plus qu’un lieu de sport. C’est un véritable lieu de vie, où l’on vient en famille, entre amis ou avec ses collègues, pour partager des moments conviviaux. Le bâtiment, un ancien espace industriel de 1 400 m² entièrement de plain-pied, a été réaménagé pour créer une ambiance chaleureuse malgré un budget limité. Mon slogan résume l’esprit du projet : « pour tous, en toute saison ». On y trouve trois simulateurs de golf, deux terrains de squash, un espace pétanque et du mini-golf, mais aussi des zones modulables pour accueillir séminaires, anniversaires ou soirées privées. Depuis quelques mois, Sports in d’Or s’est doté d’un nouveau batiment pour accueillir deux terrains de padel accessibles 24h/24.
J’ai pensé chaque détail pour que tout soit accessible, aussi bien en termes d’équipements que de tarifs. Les activités sont facturées à l’heure, ce qui permet de partager les coûts : une session de golf à quarante euros revient bien moins cher en groupe. Les entreprises apprécient particulièrement cette flexibilité. Elles peuvent organiser des séminaires avec vidéoprojection sur les simulateurs, profiter d’un service de restauration simple mais de qualité, puis enchaîner sur des activités de team building, le tout clé en main. La présence d’un hôtel juste en face facilite encore l’organisation d’événements.
La restauration est un atout fort. Ma cheffe, issue de la gastronomie, prépare des plats frais à partir de produits locaux. Ce n’est pas un restaurant classique, mais un espace où l’on mange bien, dans un cadre décontracté. Cette offre attire aussi une clientèle d’affaires : aujourd’hui, les clubs d’entreprises et les réunions professionnelles représentent une part importante de l’activité.
Mon réseau a été déterminant pour lancer et faire vivre le projet. Ancienne cadre dirigeante, j’ai pu compter sur mes contacts dans les clubs d’affaires pour organiser rapidement des événements, trouver des prestataires et surmonter les imprévus. J’ai par exemple dû gérer un contretemps majeur avec la licence de débit de boisson, indispensable pour le bar. Alors que tout semblait en ordre, j’ai appris à quelques semaines de l’ouverture que les quotas étaient atteints ! Grâce à mes relations, j’ai pu refaire une demande et finalement obtenir une licence différente juste à temps.
La gestion humaine a été un autre défi. Habituée à encadrer des cadres supérieurs, j’ai découvert la complexité du management dans un environnement plus opérationnel, avec des départs soudains et des ajustements permanents. J’ai dû apprendre à recruter, former et m’adapter rapidement pour stabiliser l’équipe. Aujourd’hui, nous sommes devenus une petite structure solide, capable d’accueillir un public varié.
Ce qui me donne le plus de satisfaction, ce sont les retours des clients. Mon centre est un endroit où les gens viennent pour se faire plaisir, et quand ils repartent heureux, je me sens nourrie et renforcée. Malgré les obstacles, je vois chaque jour que ce lieu répond à un vrai besoin : un espace convivial, accessible et vivant, où sport, loisirs et rencontres se mêlent toute l’année. »