Guscio

Clément Delattre

  • Talent 2025
  • Artisanat
  • Hauts-de-France
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Talent BGE 2025 pour la région Hauts-de-France
Guscio conçoit des objets éco-responsables en revalorisant des coquilles Saint-Jacques, moules et huîtres en créant des pièces uniques alliant design, durabilité et engagement écologique.

Valoriser les coquillages

Clément nous raconte : « J’ai créé Guscio il y a un an, après avoir travaillé dans un centre de transformation des produits de la mer. Là-bas, je voyais chaque jour des tonnes de coquilles de Saint-Jacques vides, jetées… Ça représente entre trois et cinq tonnes par jour rien que dans un petit atelier ! Ce constat m’a marqué. Sur la route entre Boulogne-sur-Mer et Lille, je réfléchissais sans cesse à une solution de recyclage. À cette époque, j’ai décidé de démissionner, sans encore savoir comment valoriser ces déchets.

Au départ, je pensais devenir recycleur moi-même, avant de découvrir qu’une société locale broyait déjà les coquilles. Plutôt que de dupliquer leur travail, je les ai choisis comme fournisseur. Avec leurs broyats, j’ai commencé des tests dans ma cave. Pendant près de deux ans, j’ai expérimenté différents mélanges pour aboutir à une matière durable, minérale, sans additif chimique ni plastique, recyclable et respectueuse de l’environnement. Je voulais aussi un rendu esthétique inspiré du terrazzo, avec un clin d’œil à mes origines italiennes. C’est ainsi qu’est né le nom Guscio, qui signifie coquille.

J’ai d’abord fabriqué de petits objets de décoration comme des dessous de verre ou des vases, pour prouver la faisabilité et présenter la matière. Mais mon objectif restait d’avoir un réel impact en recyclant de grandes quantités. Un plan de travail peut intégrer 30 kilos de coquillages, quand un vase n’en utilise qu’un seul. C’est pourquoi je m’oriente désormais vers l’agencement, les crédences et les mobiliers sur mesure.

Les bonnes aides au bon moment

J’ai rencontré BGE Littoral Opale dont l’accompagnement a été essentiel. Je savais déjà faire un business plan, mais ce dont j’avais besoin, c’était surtout un soutien dans les démarches administratives : trouver un comptable, savoir comment solliciter une banque, avancer pas à pas. Le suivi post-création a aussi été précieux, car il permet de prendre du recul. Quand on est à la fois en production, en développement et en vente, on perd facilement le fil. Les rendez-vous réguliers m’ont aidé à remettre de l’ordre et à mieux structurer ma progression.

J’ai découvert des soutiens comme Initiative ou l’Agefiph grâce à cet accompagnement. Sans BGE, je n’aurais même pas su que ces réseaux existaient. Ils m’ont permis de débloquer des aides et de trouver des solutions adaptées.

Affiner sa stratégie

Mes premiers clients, je les ai trouvés lors de marchés locaux et d’événements comme les Journées européennes des métiers d’art. J’ai ensuite intégré des points de vente stratégiques, comme la boutique de souvenirs de Nausicaa à Boulogne, ce qui était un objectif important pour moi. Aujourd’hui, je collabore aussi avec des restaurants, des hôtels et des concept stores, toujours dans une logique de proximité et d’échanges humains.

Pour l’instant, je ne fais pas de démarchage commerciale. Mon projet repose uniquement sur le bouche-à-oreille. Ce sont mes premiers clients qui m’ont recommandé et c’est ainsi que l’activité a commencé à prendre. À terme, je sais qu’il faudra recruter, autant sur la partie commerciale que sur la production, car des partenariats avec de grosses sociétés locales sont en cours et je ne pourrai pas tout gérer seul.

Au début, j’ai eu du mal à accepter que le chiffre d’affaires ne décolle pas rapidement. Mais j’ai compris que mon projet est basé sur la recherche et le développement et que ce type de démarche prend du temps avant de générer des revenus. J’ai pu échanger avec d’autres entrepreneurs qui ont le même parcours, et c’est rassurant de voir que ce n’est pas un échec, mais simplement le processus normal.

Pivoter vers de plus grands projets

Depuis un an, je suis installé au Village des Métiers d’Art, une pépinière spécialisée dans l’accompagnement des artisans. J’y ai perfectionné mes finitions et mes techniques. L’activité a pris de l’ampleur : après les petits objets, je réalise aujourd’hui des projets plus importants. Je souhaite concevoir des grandes plaques utilisables pour du mobilier, du plan de travail ou du revêtement mural. Pour atteindre ce niveau, il faudra investir dans de nouvelles machines et structurer davantage l’organisation.

Mon ambition est de devenir fournisseur pour les cuisinistes, les architectes et les agenceurs. À terme, j’aimerais produire en plus grande quantité, tout en gardant une part artisanale. Pour l’instant, je structure mon entreprise, j’affine mes procédés et je construis une crédibilité, avec l’espoir de grandir progressivement, d’embaucher et de donner à ce projet une véritable dimension.

Je développe aussi des liens locaux avec des menuisiers et des ébénistes et j’ouvre mon atelier aux scolaires pour sensibiliser à d’autres formes de recyclage. Les déchets de coquillages en France représentent 250 000 tonnes par an, souvent enfouis ou incinérés. Leur donner une seconde vie est pour moi une nécessité.

Être entrepreneur m’apporte avant tout de la liberté et nourrit ma créativité. Je ne pensais pas avoir cette capacité, mais chaque jour me pousse à inventer et à trouver des solutions. Le chemin est exigeant, mais je sais que la demande est là et que le projet ne pourra que grandir. »

Guscio

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