Bribri

Benjamin Da Fonséca

  • Talent 2025
  • Artisanat
  • Grand-Est

Talent BGE 2025 pour la région Grand Est
Des meubles durables et engagés pour enfants.

Un profil à l'aise avec les chiffres

Benjamin nous raconte: « J’ai fait un bac+5 en comptabilité, contrôle et audit à la faculté de Reims. Et par la suite, j’ai rejoins l’un des 4 plus grands cabinets d’audit, où j’ai travaillé pendant six ans, en tant qu’auditeur financier pour un commissaire aux comptes.
Mon rôle consistait à réaliser les travaux nécessaires avec des équipes pour permettre la certification des comptes des entreprises dépassant les seuils légaux définis par le code du commerce. C’est un métier dynamique et prenant, où l’ont pouvait intervenir dans une trentaine d’activités diverses et variées. principalement en région Grand Est.

Le métier est très axé chiffres : bilans, comptes de résultat, liasses fiscales, obligations législatives… Mais ce sont surtout les rencontres humaines qui m’ont marqué. J’ai pu échanger avec de nombreux dirigeants fondateurs, qui même après plus de 30 ans d’activité sont encore passionné par leur aventure entrepreunariale. C’est ce qui m’a donné envie d’entreprendre à mon tour. Mais dans quoi ?

Ça fait déjà quelques années que je m’intéresse à l’impact de nos habitudes sur l’environnement. Et la période Covid a vraiment accéléré ma démarche personnelles. Petit à petit, j’ai changé mes habitudes: savons et shampoings solides, brosses à dents en bambou, fin de l’usage des bouteilles plastiques, mise en place du composte … Des petits gestes, mais porteurs de sens sur le long terme. Mais il ne faut pas se le cacher. La transition écologique se jouera plus avec les entreprises qu’avec les particuliers !

Paternité + voyage = envie de changement

J’ai eu la chance de voyager au Costa Rica pendant quelques jours et ce fut un vrai déclic. On a parcouru le pays sous forme d’un road trip pour découvrir d’avantage le pays et leur culture. Là-bas, la protection de l’environnement est une priorité depuis plus de 40 ans. Résultat : une biodiversité incroyable. C’est un véritable zoo à ciel ouvert. Lors d’une visite en forêt tropicale, on a choisi de suivre un guide. Au lieu des 40 minutes prévues pour le parcours, la balade a duré quasiment 4 heures. Il nous a appris énormément sur la faune, la flore, les interactions invisibles qui font vivre une forêt.
Mais il nous a aussi alertés: même un pays aussi engagé que le Costa Rica n’est pas à l’abri du changement climatique. Le problème est global, et sans actions coordonnées, on ne pourra pas faire grand-chose.

Il y a bientôt deux ans et demi que je suis devenu papa, Le temps file, et avec lui, beaucoup de choses ont changé, à commencer par ma façon de voir le monde de demain. Comment consommeront nos enfants d’ici 20 ans ? Quel monde nous attend ?

Il est certain que cela dépendra de nous et dès aujourd’hui !

Un accompagnement bien choisi

De retour en France, je creuse le sujet de la déforestation et de ses conséquences pour l’environnement, donc pour l’Homme. Viens quelques mois plus tard, la lourde tache de meubler la chambre de mon enfant. Il était alors impensable de choisir un meuble uniquement sur son design ! Composition, provenance, réparabilité … j’ai tout analysé et je n’ai pas trouvé de marque qui cochaient toutes les cases. C’est là que j’ai commencé à réfléchir à un projet plus durable, plus cohérent avec mes valeurs. Un projet qui, aujourd’hui, prend forme.

J’ai été mis en contact avec BGE Champagne-Ardennes dans le cadre de mon parcours de création. En fait, comme j’ai quitté mon précédent emploi en démission pour création d’entreprise, j’ai eu un rendez-vous obligatoire avec France Travail. À l’issue de ce rendez-vous, on m’a directement redirigé vers BGE. J’avais déjà entendu parler de BGE à travers des émissions comme Qui veut être mon associé ?, ou sur Linkedin, où certaines entreprises accompagnées par BGE partagent leur expérience. Le nom m’était familier, et j’avais une bonne image de leur accompagnement. J’ai donc intégré un premier programme pour définir et structurer mon idée puis un second programme pour développer l’idée en projet.

Structurer son projet

Le premier accompagnement consistait à clarifier et structurer mon idée. Au départ, je pensais fabriquer des meubles en grande série, un peu dans l’esprit d’lkea, pour tous les publics. Mais assez vite, on a réalisé que ce n’était pas vraiment viable. Ni financièrement, ni techniquement. Je n’avais ni les moyens de production, ni l’envergure pour ça.

Mon conseiller m’a alors aidé à recentrer mon projet, à trouver une cible plus précise.
C’est comme ça qu’est née l’idée de créer des meubles pour enfants. D’un coté, c’était cohérent avec ma vie personnelle, et de l’autre, ça permettait de proposer un produit plus spécialisé, plus aligné avec mes valeurs. Ce repositionnement a été une étape clé.

Mon idée de départ était encore brute, et grâce aux échanges avec mon conseiller, elle a pris une forme plus claire, plus concrète. Ce travail a duré environ trois mois.

Ensuite, j’ai poursuivi avec un second accompagnement, centré cette fois sur la structuration du projet. On a travaillé le business plan, le positionnement, le storytelling… tout ce qu’il faut pour construire une identité de marque solide et pouvoir communiquer efficacement. Ce que j’ai retenu de cette phase, c’est que l’accompagnement, même s’il n’impose rien, permet de poser les bonnes questions, de gagner en clarté et de mieux préparer le lancement. Je me sens aujourd’hui mieux armé pour passer à la suite.

Défis et stratégie

Pour moi, le suivi avec BGE a été un vrai atout. L’accompagnement est accessible, et aujourd’hui créer une micro-entreprise est assez simple, tout se fait en ligne. Ce que je n’avais pas anticipé, c’est la difficulté de vendre des le début. Je n’ai pas encore une activité qui permet d’en vivre à 100%. J’ai eu quelques commandes de la part d’amis et de membres de ma famille, mais pour moi, ce n’est pas encore du véritable chiffre d’affaires. Mon entreprise est immatriculée depuis la fin décembre 2024, mais j’ai commencé à communiquer réellement sur mon projet en Févirer 2025. C’est donc encore tout récent.

Pour la stratégie commerciale, l’idée serait de démarcher les enseignes locales comme Aubert, Autour de Bébé, ou d’autres franchisés qui acceptent parfois de mettre en avant des fabricants locaux. Je continue aussi la communication sur les réseaux sociaux et à travers le site web.

Du point de vue financier, je me laisse un peu de temps pour évaluer la situation, mais après l’été, il faudra faire le point. Peut-être prendre un mi-temps pour avoir un revenu de base tout en continuant de développer le projet en parallèle, en attendant que les ventes décollent. Il faut du temps pour que ça prenne, je le sais, mais ça peut être frustrant.

De la conception à la fabrication dans un garage

Pour fabriquer le meuble, je me suis renseigné longuement sur les techniques d’assemblage du bois à travers diverses ressources disponibles sur internet, en librairie ou via des relations travaillants dans le domaine de la menuiserie et de l’ébénisterie.

J’ai toujours aimé faire de mes mains et je cultive cette motivation depuis quelques années maintenant. Réparation automobile, Rénovation immobilière, Organisation d’évènement…
Et pour le bois c’est pareil. J’apprends en lisant, en regardant des vidéos, en testant et surtout en recommençant plusieurs fois ! Ça prend plus de temps que quelqu’un de diplômé mais au final, j’arrive à un résultat satisfaisant pour la cible que je vise.

J’ai investi environ 8 000 € sur plusieurs années dans ce projet, dont près de 4 000 € pour m’équiper. Le plus gros investissement, c’est une machine à commande numérique (CNC) 3 axes que j’ai fabriquée moi-même à partir de plans trouvés en ligne. Elle m’a coûté 3 000 €. A ce prix là en machine neuve, j’aurai une capacité de travail 2 fois moins importante et avec une vitesse d’avance plus faible. Enfin pour le reste, ce sont des outils de base: scie sur table, ponceuse, défonceuse, toupie…
L’autre partie de l’investissement comprend l’étude de marché via IPSOS, une élaboration d’identité visuelle et des frais d’enregistrement INPI.

Concevoir son offre à partir des matières récoltées

Je suis positionné sur des matières récurentes provenant d’industries locales. Cet avantage me permet d’avoir une composition et des tailles des matières récoltées quasi similaire dans la durée. Ce qui me permet donc de proposer des mini-séries.

Je prends le temps de créer un meuble, de faire tous les patrons, toutes les mesures. Une fois que c’est calé, je peux en produire plusieurs exemplaires tant que j’ai la matière. Pour l’instant, je n’ai qu’un modèle finalisé, que j’ai déjà revu six fois en fonction des retours d’influenceuses sur Instagram, de testeurs, d’amis. Techniquement, je l’améliore sans cesse, même si visuellement, il reste le même. Là, je suis prêt à lancer la production, et l’idée, ce serait de décliner ce modèle en version murale et étagère. Puis de diversifier mon offre avec des coffre à jouets, petite chaise, petite table… toujours pour enfants, et à petite échelle. Je ne pourrais pas faire de lit, de commode, ou de table à langer pour le moment, les dimensions étant trop grandes pour la typologie de matière que je récupère.

Je compte à court terme externaliser la production auprès d’un professionnel en menuiserie pour aller plus loin dans la précision et dans la qualité. Toute en conservant le sourcing des matières et l’expédition.

Pourquoi Bribri ?

Il vient d’une expérience marquante que j’ai eu au Costa Rica. On a visité une tribu indigène qui s’appelle les Bribris. Pour y aller, on a fait une heure et demie de pirogue dans la forêt tropicale. Las-bas, il n’y pas de réseau téléphonique, pas d’électricité, pas d’eau courante… ce peuple de 800 âmes vit en parfaite harmonie avec la nature.

Pas de déchets au sol, pas de déforestation visible, pas de vêtement de marque… Ce que j’ai vu là-bas m’a marqué. Et c’est ce retour à l’essentiel, cette cohésion avec l’environnement que je veux incarner à travers mon entreprise. C’est tout le sens de ce nom. »‌

Bribri